Un Tramway nommé désir
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Un Tramway nommé désir
A l'Odéon en mars prochain, mise en scène de Warlikowski d'amour, avec Isabelle Huppert...
Je ne pourrai pas y aller...
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Rafaella- Messages : 1775
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Re: Un Tramway nommé désir
Rafaella a écrit:A l'Odéon en mars prochain, mise en scène de Warlikowski d'amour, avec Isabelle Huppert...
Je ne pourrai pas y aller...
J'IRAIS !!!!!!!!!!!!!!
ça me consolera d'avoir raté la date de l'abonnement jeunes de Pleyel et d'avoir vus les plus beaux concerts me passer sous le nez ! (heureusement que j'avais pris un abonnement normal avec quelques dates quand même) ; je vais hurler mon désespoir dans le fil approprié
Cadeau, la version lyrique : https://www.youtube.com/watch?v=byF3FKUryns&feature=PlayList&p=B63214D1205CB0D3&playnext=1&playnext_from=PL&index=23
Et
Alcina- Messages : 1206
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Re: Un Tramway nommé désir
OH-MY-GOD !!! Tu sais me parler, toi...
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Un Tramway nommé désir
Rafaella a écrit:A l'Odéon en mars prochain, mise en scène de Warlikowski d'amour, avec Isabelle Huppert...
Pourquoi j'habite pas à Paris?
Invité- Invité
Re: Un Tramway nommé désir
Il était temps de faire remonter ce fil. Il faudrait changer le titre, qui est plus précisément : Un tramway
Ce n’est pas une mise en scène de la pièce de Tennessee Williams. C’est une adaptation, qui repose d’abord sur une traduction assez fidèle au texte, à ceci près que ce n’est pas en langage châtié ; quand le texte est suffisamment flou en anglais pour permettre une traduction vulgaire, Mouawad qui a réécrit les dialogues ne s’en prive pas. Pour le coup, c’est peut-être un brin démago, même si ça a choqué les mamies devant moi, mais ça donne une certaine violence au texte, ça traduit peut-être un peu explicitement le sous-texte.
Autre parti-pris, celui de déplacer cette pièce ultra-réaliste et ancrée dans un espace-temps reconnaissable dans l’ailleurs phosphorescent de l’imaginaire warlikowskien (oui, rien que ça ) . Ce qui donne à la pièce une dimension plus métaphorique, plus abstraite. Et ce qui explique un des parti-pris de direction d’acteurs : une intonation quasi incantatoire par moments, un refus du jeu réaliste un peu déroutant au début par son côté distancié. D’autant que l’on commence sur une image très forte mais très éprouvante. Toute le début est joué comme le souvenir de Blanche à l’asile, c’est assez traumatisant ! Mais avec le roi Roger, on nous avait déjà fait le coup. Mais Huppert dénudée et maigre sur un tabouret débitant son texte comme une litanie, avec grimaces, hésitations et démangeaisons, ça fait un sacré effet… Mais la diction est parfois déroutante, comme le jeu des acteurs.
Autre parti-pris, celui de faire intervenir des éléments extérieurs au texte : des chansons, ou des textes qui sont comme des pauses qui appartiennent à la conscience de Blanche, qui en bonne prof de français bovarysée connaît Wilde et la Dame au camélias, le Tasse et Platon, qui se rêve comme ces références alors que la vérité est tout autre. Et ça la rend folle. Cela donne des instants complètement oniriques, et ça m’a fait énormément penser à Lynch que je découvre depuis peu. Le problème est qu’il y a parfois trop d’éléments en même temps, et parfois, on aurait besoin de temps pour comprendre le rapport. Et heureusement que je connais Salomé et Monteverdi et tant d’autres références, et très bien la pièce de Williams, car sinon, c’est pas évident à suivre. Le groupe scolaire a dû être un peu dérouté ! Et d’ailleurs des gens sont partis dès la fin de la première scène !
Certains ajouts sont magnifiques, j’ai eu plus de mal avec d’autres, sur lesquelles je suis plus réservée. Le texte est déjà tellement riche...
Sinon, on retrouve l’esthétique visuelle de Warli/Szceniak/Ross : lumières irréelles et phosphorescentes, jeux sur les profondeurs, un très beau décor de bowling avec un premier plan appartement et un couloir transparent et mobile avec salle de bain (toujours !) et cellule d’asile. Des perruques blondes (avec la sienne, Huppert ressemblait diablement à Arquette dans Lost highway !) , des robes dorées à paillettes, des costumes kitsch. Des vidéos projetées sur ce couloir rendu opaque et transparent selon les moments, avec des gros plans de visages saisissant, projections de texte (celui du Tasse par exemple, défilant sur le mur). Des images aussi, comme celles de la fin, projetant sans fin les rêves fleur-bleue de Blanche. Visuellement, c’est hypnotisant. Et l’atmosphère sonore aussi ! Un perpétuel bourdonnement, des voix amplifiées. C’est ultra-oppressant , je suis sortie avec un de ces maux de tête, et toute crispée !
Sinon, un scoop (spécial Raf !) : Renate Jett parle cette fois-ci ! Et elle chante ! Celle qui avait joué des rôles de figuration muette dans les mes de l’ONP assure la partie musicale, avec une présence très étrange, une gueule étrange qui me rappelait le mec à la caméra dans Lost Highway. Sa première chanson est super forte en volume, je lui dois mon mal de crâne. A un moment, elle fait une reprise rock du Combatimento de Tancrede de Monteverdi, c'est énorme ! Ses interventions sont décalées mais ça fonctionne souvent bien, notamment le passage où elle interpelle en anglais le public, lorsqu'elle chante deux ballades jazzy. Ça rappelle les interventions des mecs invisibles dans Angels in America, l'animateur par exemple. Elle a ce look-là :
Accueil très froid du public sinon, une huée discrète, quelques bravis isolés mais surtout très peu d’applaudissements, surtout à l’orchestre où j’étais. Huppert avait l’air dégoûtée ! Elle était sur scène depuis trois heures non stop, je la comprends. Warli est venu saluer sur la pointe des pieds attendant une huée monstre : que dalle ! On avait l’impression qu’il aurait préféré !
En tout cas, ce n’est pas le choc Angels in America, et je n’ai pas tout aimé, mais quand même beaucoup de choses, et ça m’a donné à réfléchir, et m‘a mise dans un état de malaise. C’est peut-être parfois trop foisonnant d’idées pour que ma pauvre cervelle puisse tout analyser en une fois et sur le coup ! Un peu plus comme Parsifal ou le roi Roger que comme Makropoulos (mais on aperçoit un King-Kong et des toilettes )
Je garde cependant le souvenir de scènes saisissantes et oniriques, oppressantes… En fait, j'ai juste mis du temps à m'habituer à cette diction particulière, et j'ai eu du mal à comprendre certains ajouts, surtout (mais j'en ai aimé d'autres !)
Sinon, cette pièce est quand même extraordinaire, je trouve, c’est tellement riche, et tellement fort. Et accentuer certains aspects, certaines potentialités du texte que le film par exemple met moins en valeur au profit d’autres, c’est passionnant. Il en fait une abstraction, et lui donne une dimension quasi mythologique ici, et pour le coup propose qqch de très différent du film (alors que l'opéra au contraire proposait qqch de plus proche)
Ah oui, et sinon, question attraction animale, personne ne vaut Brando !
Ce n’est pas une mise en scène de la pièce de Tennessee Williams. C’est une adaptation, qui repose d’abord sur une traduction assez fidèle au texte, à ceci près que ce n’est pas en langage châtié ; quand le texte est suffisamment flou en anglais pour permettre une traduction vulgaire, Mouawad qui a réécrit les dialogues ne s’en prive pas. Pour le coup, c’est peut-être un brin démago, même si ça a choqué les mamies devant moi, mais ça donne une certaine violence au texte, ça traduit peut-être un peu explicitement le sous-texte.
Autre parti-pris, celui de déplacer cette pièce ultra-réaliste et ancrée dans un espace-temps reconnaissable dans l’ailleurs phosphorescent de l’imaginaire warlikowskien (oui, rien que ça ) . Ce qui donne à la pièce une dimension plus métaphorique, plus abstraite. Et ce qui explique un des parti-pris de direction d’acteurs : une intonation quasi incantatoire par moments, un refus du jeu réaliste un peu déroutant au début par son côté distancié. D’autant que l’on commence sur une image très forte mais très éprouvante. Toute le début est joué comme le souvenir de Blanche à l’asile, c’est assez traumatisant ! Mais avec le roi Roger, on nous avait déjà fait le coup. Mais Huppert dénudée et maigre sur un tabouret débitant son texte comme une litanie, avec grimaces, hésitations et démangeaisons, ça fait un sacré effet… Mais la diction est parfois déroutante, comme le jeu des acteurs.
Autre parti-pris, celui de faire intervenir des éléments extérieurs au texte : des chansons, ou des textes qui sont comme des pauses qui appartiennent à la conscience de Blanche, qui en bonne prof de français bovarysée connaît Wilde et la Dame au camélias, le Tasse et Platon, qui se rêve comme ces références alors que la vérité est tout autre. Et ça la rend folle. Cela donne des instants complètement oniriques, et ça m’a fait énormément penser à Lynch que je découvre depuis peu. Le problème est qu’il y a parfois trop d’éléments en même temps, et parfois, on aurait besoin de temps pour comprendre le rapport. Et heureusement que je connais Salomé et Monteverdi et tant d’autres références, et très bien la pièce de Williams, car sinon, c’est pas évident à suivre. Le groupe scolaire a dû être un peu dérouté ! Et d’ailleurs des gens sont partis dès la fin de la première scène !
Certains ajouts sont magnifiques, j’ai eu plus de mal avec d’autres, sur lesquelles je suis plus réservée. Le texte est déjà tellement riche...
Sinon, on retrouve l’esthétique visuelle de Warli/Szceniak/Ross : lumières irréelles et phosphorescentes, jeux sur les profondeurs, un très beau décor de bowling avec un premier plan appartement et un couloir transparent et mobile avec salle de bain (toujours !) et cellule d’asile. Des perruques blondes (avec la sienne, Huppert ressemblait diablement à Arquette dans Lost highway !) , des robes dorées à paillettes, des costumes kitsch. Des vidéos projetées sur ce couloir rendu opaque et transparent selon les moments, avec des gros plans de visages saisissant, projections de texte (celui du Tasse par exemple, défilant sur le mur). Des images aussi, comme celles de la fin, projetant sans fin les rêves fleur-bleue de Blanche. Visuellement, c’est hypnotisant. Et l’atmosphère sonore aussi ! Un perpétuel bourdonnement, des voix amplifiées. C’est ultra-oppressant , je suis sortie avec un de ces maux de tête, et toute crispée !
Sinon, un scoop (spécial Raf !) : Renate Jett parle cette fois-ci ! Et elle chante ! Celle qui avait joué des rôles de figuration muette dans les mes de l’ONP assure la partie musicale, avec une présence très étrange, une gueule étrange qui me rappelait le mec à la caméra dans Lost Highway. Sa première chanson est super forte en volume, je lui dois mon mal de crâne. A un moment, elle fait une reprise rock du Combatimento de Tancrede de Monteverdi, c'est énorme ! Ses interventions sont décalées mais ça fonctionne souvent bien, notamment le passage où elle interpelle en anglais le public, lorsqu'elle chante deux ballades jazzy. Ça rappelle les interventions des mecs invisibles dans Angels in America, l'animateur par exemple. Elle a ce look-là :
Accueil très froid du public sinon, une huée discrète, quelques bravis isolés mais surtout très peu d’applaudissements, surtout à l’orchestre où j’étais. Huppert avait l’air dégoûtée ! Elle était sur scène depuis trois heures non stop, je la comprends. Warli est venu saluer sur la pointe des pieds attendant une huée monstre : que dalle ! On avait l’impression qu’il aurait préféré !
En tout cas, ce n’est pas le choc Angels in America, et je n’ai pas tout aimé, mais quand même beaucoup de choses, et ça m’a donné à réfléchir, et m‘a mise dans un état de malaise. C’est peut-être parfois trop foisonnant d’idées pour que ma pauvre cervelle puisse tout analyser en une fois et sur le coup ! Un peu plus comme Parsifal ou le roi Roger que comme Makropoulos (mais on aperçoit un King-Kong et des toilettes )
Je garde cependant le souvenir de scènes saisissantes et oniriques, oppressantes… En fait, j'ai juste mis du temps à m'habituer à cette diction particulière, et j'ai eu du mal à comprendre certains ajouts, surtout (mais j'en ai aimé d'autres !)
Sinon, cette pièce est quand même extraordinaire, je trouve, c’est tellement riche, et tellement fort. Et accentuer certains aspects, certaines potentialités du texte que le film par exemple met moins en valeur au profit d’autres, c’est passionnant. Il en fait une abstraction, et lui donne une dimension quasi mythologique ici, et pour le coup propose qqch de très différent du film (alors que l'opéra au contraire proposait qqch de plus proche)
Ah oui, et sinon, question attraction animale, personne ne vaut Brando !
Alcina- Messages : 1206
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Re: Un Tramway nommé désir
Pour compléter : Renate Jett, qui jouait Eunice et les intermèdes, ressemblait à ça avec une perruque afro, (vue du milieu du 12ème rang d'orchestre par une myope comme moi) :
Alcina- Messages : 1206
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Re: Un Tramway nommé désir
Et Huppert, à ça :
Alcina- Messages : 1206
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Re: Un Tramway nommé désir
En revoyant le titre du fil qui est celui de la pièce, je me dis que ce qui intéressait Warli n'est pas tant le désir de Stella et Blanche pour Stanley et réciproquement, et qui est présent dans le film, qui est on ne peut plus sensuel, concret, où la dimension sexuelle du désir est exacerbée par la présence magnétique de Brando. chez Warli, c'est autre chose qui est mis en valeur, les désirs et les rêves de Blanche (qui quitte Bellerêve) et on est clairement plus chez Lynch (où il y a tout plein de tension érotique aussi bien sûr) que chez Elia Kazan (dont j'aime beaucoup le film par ailleurs, ce n'est qu'un constat)
Alcina- Messages : 1206
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Re: Un Tramway nommé désir
Désolée pour ceux qui auraient eu la version précédente de ce dernier message, il était écrit dans un de ces charabias ! je ne sais pas pourquoi la version intermédiaire a été envoyée !
Alcina- Messages : 1206
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Re: Un Tramway nommé désir
En lisant les premières critiques, je me dis que ça ressemble à du Warli... Donc je devrais aimer, même si j'ai bien conscience que c'est souvent borderline, Warli, et que je me demande toujours, en même temps que je suis fascinée, si tout cela n'est pas un peu vain. Je me suis dit ça en sortant de (A)pollonia, notamment. Dans (A)pollonia, Renate Jett chantait déjà, d'ailleurs, un bon gros rock trash, bien pêchu et bruyant, dans les gradins...
Bref. Je suis en train de finir la pièce et je comprends pourquoi il a commandé une nouvelle traduction tant la "canonique" est à la limite de l'illisible parfois... De là à faire appel au dernier auteur à la mode et ajouter Sophocle et Coluche, y a un moment où je dis STOP
Bref. Je suis en train de finir la pièce et je comprends pourquoi il a commandé une nouvelle traduction tant la "canonique" est à la limite de l'illisible parfois... De là à faire appel au dernier auteur à la mode et ajouter Sophocle et Coluche, y a un moment où je dis STOP
Dernière édition par Rafaella le Mar 9 Fév - 23:46, édité 1 fois (Raison : C'était pas beau le LOL en fin de ligne, ça faisait un gros espace entre les deux interlignes)
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Un Tramway nommé désir
C'est marrant je ne vois absolument pas ce désir mutuel en lisant la pièce. A moins de postuler qu'en littérature, chaque fois qu'un personnage dit non ça veut dire oui, mais je suis pas prof de lettres...Alcina a écrit:En revoyant le titre du fil qui est celui de la pièce, je me dis que ce qui intéressait Warli n'est pas tant le désir de Stella et Blanche pour Stanley et réciproquement, et qui est présent dans le film, qui est on ne peut plus sensuel, concret, où la dimension sexuelle du désir est exacerbée par la présence magnétique de Brando. chez Warli, c'est autre chose qui est mis en valeur, les désirs et les rêves de Blanche (qui quitte Bellerêve) et on est clairement plus chez Lynch (où il y a tout plein de tension érotique aussi bien sûr) que chez Elia Kazan (dont j'aime beaucoup le film par ailleurs, ce n'est qu'un constat)
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Un Tramway nommé désir
Pas de doute, c'est du Warlichou...
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Un Tramway nommé désir
Sauf que Warli a dû se contenter de "Un Tramway" surtout parce que les héritiers ont refusé qu'il utilise le titre original, droit moral inaliénable, blabla...Alcina a écrit:En revoyant le titre du fil qui est celui de la pièce, je me dis que ce qui intéressait Warli n'est pas tant le désir de Stella et Blanche pour Stanley et réciproquement, et qui est présent dans le film, qui est on ne peut plus sensuel, concret, où la dimension sexuelle du désir est exacerbée par la présence magnétique de Brando. chez Warli, c'est autre chose qui est mis en valeur, les désirs et les rêves de Blanche (qui quitte Bellerêve) et on est clairement plus chez Lynch (où il y a tout plein de tension érotique aussi bien sûr) que chez Elia Kazan (dont j'aime beaucoup le film par ailleurs, ce n'est qu'un constat)
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Un Tramway nommé désir
Rafaella a écrit:C'est marrant je ne vois absolument pas ce désir mutuel en lisant la pièce. A moins de postuler qu'en littérature, chaque fois qu'un personnage dit non ça veut dire oui, mais je suis pas prof de lettres...Alcina a écrit:En revoyant le titre du fil qui est celui de la pièce, je me dis que ce qui intéressait Warli n'est pas tant le désir de Stella et Blanche pour Stanley et réciproquement, et qui est présent dans le film, qui est on ne peut plus sensuel, concret, où la dimension sexuelle du désir est exacerbée par la présence magnétique de Brando. chez Warli, c'est autre chose qui est mis en valeur, les désirs et les rêves de Blanche (qui quitte Bellerêve) et on est clairement plus chez Lynch (où il y a tout plein de tension érotique aussi bien sûr) que chez Elia Kazan (dont j'aime beaucoup le film par ailleurs, ce n'est qu'un constat)
Je ne parle pas de la pièce, je parle du film.
Alcina- Messages : 1206
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Re: Un Tramway nommé désir
Et il l'a pioché où, Kazan, tout ça, hein ???Alcina a écrit:Rafaella a écrit:C'est marrant je ne vois absolument pas ce désir mutuel en lisant la pièce. A moins de postuler qu'en littérature, chaque fois qu'un personnage dit non ça veut dire oui, mais je suis pas prof de lettres...Alcina a écrit:En revoyant le titre du fil qui est celui de la pièce, je me dis que ce qui intéressait Warli n'est pas tant le désir de Stella et Blanche pour Stanley et réciproquement, et qui est présent dans le film, qui est on ne peut plus sensuel, concret, où la dimension sexuelle du désir est exacerbée par la présence magnétique de Brando. chez Warli, c'est autre chose qui est mis en valeur, les désirs et les rêves de Blanche (qui quitte Bellerêve) et on est clairement plus chez Lynch (où il y a tout plein de tension érotique aussi bien sûr) que chez Elia Kazan (dont j'aime beaucoup le film par ailleurs, ce n'est qu'un constat)
Je ne parle pas de la pièce, je parle du film.
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Un Tramway nommé désir
J'ai vu il y a 4 ans une autre version au théâtre Mouffetard, très intéressante et émouvante!
"Les acteurs de cette pièce nous embarquent sur ces rails de désir et de destruction passionnelle et passionnante avec des jeux impeccablement maîtrisés. La chemise ouverte, le torse velu, Stanley, sous les traits d’Alexandre Chacon, expose toute sa vivacité charnelle et sensuelle à la jeune Gaëlle Billaut-Danno, au raffinement parfait, qui interprète Blanche avec une jolie habileté pour faire cohabiter, dans une même surface de peau, fourrures et diamants, poésie et fureur, folie et désespoir. Le spectateur se verra vite emporté dans la moiteur du désir de Tennessee Williams, dans cette danse charnelle rythmée par la bande-son entêtante et idéalement adéquate et les lumières épousant la déroute des personnages avec soin.
Un Tramway nommé désir, de Tennessee Williams
Mise en scène Elsa Royer
Avec : Gaëlle Billaut-Danno, Alexandre Chacon, Violaine Fumeau-Silhol, Nicky Marbot. Scénographie : Danièle Rozier - Lumières : Jonathan Douchet - Création sonore : Frédéric Pérez
Extrait
« Je ne veux pas de réalisme… Je veux… de la magie ! Oui, oui, de la magie ! C’est ce que je cherche à donner aux autres. J’enjolive les choses ; je ne dis pas la vérité, je dis ce qu’elle devrait être ! Que je sois damnée si c’est un péché… »
Blanche DuBois, Un Tramway nommé Désir.
Note du metteur en scène : Elsa Royer
Par ces mots, Blanche DuBois, l’héroïne d’Un Tramway nommé Désir, pièce mythique de Tennessee Williams, revendique son regard subjectif sur le monde. Son univers fictif tissé d’art, de rêves et de littérature se heurte violemment à celui de Stanley et Stella, ancré dans le réel et les plaisirs bruts.
J’ai voulu souligner la radicalité de cette confrontation en abordant la mise en scène du point de vue de Blanche : le jeu des trois autres personnages lorsqu’ils sont en sa présence, ainsi que la scénographie, sont le reflet de son regard sur les choses. L’indolence de Stella est ainsi parfois extrême, la gaucherie de Mitch accentuée par un objet transitionnel (poupée), et la sensualité de Stanley apparaît aux limites du supportable. Les rideaux de fumée plastique du décor marquent une ligne de démarcation entre l’univers de bois brut de Stella et Stanley, et le flouté hollywoodien de Blanche, derrière les rideaux. Les cinq sens, exacerbés, concourent à l’expression de la subjectivité de Blanche : le toucher (humidité et nudité, désir électrique), la vue (jeux d’ombre hollywoodiens, lanterne chinoise), l’odorat (parfum vaporisé de Blanche), le goût (alcool omniprésent, symbolique du plaisir et de la destruction), et l’ouïe (Blanche est parcourue de chansons créées autour des stars d’Hollywood contemporaines de la pièce, étrangement fredonnées par une voix d’enfant).
Cette subjectivité revendiquée est bien entendu une mise en abîme du travail du metteur en scène, dont le regard sur une œuvre est forcément partial. Mais elle permet également de nous interroger sur la notion de folie et de normalité. Qui, de Blanche ou des autres personnages, paraît le plus équilibré ?... C’est au spectateur, et à lui seul, d’en décider, après cette plongée intime et chaude dans la psyché de l’héroïne.
"Les acteurs de cette pièce nous embarquent sur ces rails de désir et de destruction passionnelle et passionnante avec des jeux impeccablement maîtrisés. La chemise ouverte, le torse velu, Stanley, sous les traits d’Alexandre Chacon, expose toute sa vivacité charnelle et sensuelle à la jeune Gaëlle Billaut-Danno, au raffinement parfait, qui interprète Blanche avec une jolie habileté pour faire cohabiter, dans une même surface de peau, fourrures et diamants, poésie et fureur, folie et désespoir. Le spectateur se verra vite emporté dans la moiteur du désir de Tennessee Williams, dans cette danse charnelle rythmée par la bande-son entêtante et idéalement adéquate et les lumières épousant la déroute des personnages avec soin.
Un Tramway nommé désir, de Tennessee Williams
Mise en scène Elsa Royer
Avec : Gaëlle Billaut-Danno, Alexandre Chacon, Violaine Fumeau-Silhol, Nicky Marbot. Scénographie : Danièle Rozier - Lumières : Jonathan Douchet - Création sonore : Frédéric Pérez
Extrait
« Je ne veux pas de réalisme… Je veux… de la magie ! Oui, oui, de la magie ! C’est ce que je cherche à donner aux autres. J’enjolive les choses ; je ne dis pas la vérité, je dis ce qu’elle devrait être ! Que je sois damnée si c’est un péché… »
Blanche DuBois, Un Tramway nommé Désir.
Note du metteur en scène : Elsa Royer
Par ces mots, Blanche DuBois, l’héroïne d’Un Tramway nommé Désir, pièce mythique de Tennessee Williams, revendique son regard subjectif sur le monde. Son univers fictif tissé d’art, de rêves et de littérature se heurte violemment à celui de Stanley et Stella, ancré dans le réel et les plaisirs bruts.
J’ai voulu souligner la radicalité de cette confrontation en abordant la mise en scène du point de vue de Blanche : le jeu des trois autres personnages lorsqu’ils sont en sa présence, ainsi que la scénographie, sont le reflet de son regard sur les choses. L’indolence de Stella est ainsi parfois extrême, la gaucherie de Mitch accentuée par un objet transitionnel (poupée), et la sensualité de Stanley apparaît aux limites du supportable. Les rideaux de fumée plastique du décor marquent une ligne de démarcation entre l’univers de bois brut de Stella et Stanley, et le flouté hollywoodien de Blanche, derrière les rideaux. Les cinq sens, exacerbés, concourent à l’expression de la subjectivité de Blanche : le toucher (humidité et nudité, désir électrique), la vue (jeux d’ombre hollywoodiens, lanterne chinoise), l’odorat (parfum vaporisé de Blanche), le goût (alcool omniprésent, symbolique du plaisir et de la destruction), et l’ouïe (Blanche est parcourue de chansons créées autour des stars d’Hollywood contemporaines de la pièce, étrangement fredonnées par une voix d’enfant).
Cette subjectivité revendiquée est bien entendu une mise en abîme du travail du metteur en scène, dont le regard sur une œuvre est forcément partial. Mais elle permet également de nous interroger sur la notion de folie et de normalité. Qui, de Blanche ou des autres personnages, paraît le plus équilibré ?... C’est au spectateur, et à lui seul, d’en décider, après cette plongée intime et chaude dans la psyché de l’héroïne.
Clara- Messages : 1070
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Re: Un Tramway nommé désir
On devrait toujours voir un spectacle deux fois, surtout lorsqu'il est donné 6 fois par semaine pendant 2 mois non stop. J'y suis allée en début de série, en février. J'ai commencé par beaucoup aimer, avant de décrocher à partir de la moitié, quand Warlichou se dit qu'il faut revenir au texte histoire de faire avancer l'intrigue et de boucler la pièce. J'avais aimé le travail du texte, complètement réécrit, réapproprié pour devenir un autre texte, truffé de références dont beaucoup me semblaient lointaines, très lointaines, mais qui permettaient à chaque fois de créer des atmosphères ben particulières, entre énergie et mélancolie, bref du Warlikowsky pur jus. Mais j'étais restée sur ma faim, admirant Huppert qui, déjouant mes craintes, ne faisait pas du Huppert mais un numéro d'actrice absolument renversant. Et puis, et puis... j'avais donc fini par trouver que tout cela perdait en intensité et en intérêt, en même temps que Warlichou cessait de retravailler l'intrigue et qu'Huppert se mettait, finalement, à faire du Huppert (voix blanche et regard vide).
Rien de tout cela en ce 31 mars, à 4 jours de la dernière. Munie de mes jumelles, j'ai trouvé que tout fonctionnait à la perfection, que tout faisait sens, que tout se répondait : je ne réagissais plus simplement aux atmosphères, aux ambiances, mais bien au sens, aux correspondances, aux passerelles entre textes et entre genres, littérature, vidéo, musique. Et Huppert ne faisait sa Huppert qu'à la toute fin, lorsqu'on l'emmène de force. Passionnant de voir à quel point ces deux mois l'ont marquée, à quelle point ces deux mois l'ont épuisée (et on le comprend, vu la performance qu'elle produit !!!) : quelques trous de mémoire en début de représentation, quelques passages moins maîtrisés où la voix s'emballe et où la parole devient presque incompréhensible, et un visage TRES marqué par la fatigue aux saluts. Et curieusement, à moins que ce ne soit tout à fait normal, ou attendu, finalement, c'est dans ces moments où elle semble perdre le contrôle qu'Huppert se montre à son sommet, au bord du précipice, être humain autant que monstre de scène, et que le personnage de Blanche parvient enfin se dégager de l'actrice vampirisante. Bref, un spectacle finalement fascinant, servi par une comédienne elle-même fascinante et, en ce 31 mars, au sommet... Il faut voir qu'elle énergie elle jette sur scène, quelles intonations elle prend, quelle ironie elle lance à la ronde, quelle façon elle a de placer sa voix, de jouer de son corps... C'est la cinquième fois que je la voyais sur les planches et c'est de loin sa meilleure prestation, celle qui lui permet le mieux en tout cas de montrer toute l'étendue de son talent. Pas vue comme ça depuis La pianiste, et très envie d'aller voir White Material...
Quant à Renate Jett, je l'avais adorée dans Apollonia, je l'ai de nouveau adorée dans ce Tramway...
Rien de tout cela en ce 31 mars, à 4 jours de la dernière. Munie de mes jumelles, j'ai trouvé que tout fonctionnait à la perfection, que tout faisait sens, que tout se répondait : je ne réagissais plus simplement aux atmosphères, aux ambiances, mais bien au sens, aux correspondances, aux passerelles entre textes et entre genres, littérature, vidéo, musique. Et Huppert ne faisait sa Huppert qu'à la toute fin, lorsqu'on l'emmène de force. Passionnant de voir à quel point ces deux mois l'ont marquée, à quelle point ces deux mois l'ont épuisée (et on le comprend, vu la performance qu'elle produit !!!) : quelques trous de mémoire en début de représentation, quelques passages moins maîtrisés où la voix s'emballe et où la parole devient presque incompréhensible, et un visage TRES marqué par la fatigue aux saluts. Et curieusement, à moins que ce ne soit tout à fait normal, ou attendu, finalement, c'est dans ces moments où elle semble perdre le contrôle qu'Huppert se montre à son sommet, au bord du précipice, être humain autant que monstre de scène, et que le personnage de Blanche parvient enfin se dégager de l'actrice vampirisante. Bref, un spectacle finalement fascinant, servi par une comédienne elle-même fascinante et, en ce 31 mars, au sommet... Il faut voir qu'elle énergie elle jette sur scène, quelles intonations elle prend, quelle ironie elle lance à la ronde, quelle façon elle a de placer sa voix, de jouer de son corps... C'est la cinquième fois que je la voyais sur les planches et c'est de loin sa meilleure prestation, celle qui lui permet le mieux en tout cas de montrer toute l'étendue de son talent. Pas vue comme ça depuis La pianiste, et très envie d'aller voir White Material...
Quant à Renate Jett, je l'avais adorée dans Apollonia, je l'ai de nouveau adorée dans ce Tramway...
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Un Tramway nommé désir
J'ai particulièrement adoré la reprise rock de Monteverdi par Renate Jett (et là Voltaire faire une attaque)
Alcina- Messages : 1206
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Re: Un Tramway nommé désir
Euh... La musique est de Monteverdi ? Parce que le programme ne met pas ce passage dans les chasons mais dans les textes ajoutés... Quant à Voltaire, j'en fais mon affaire !Alcina a écrit:J'ai particulièrement adoré la reprise rock de Monteverdi par Renate Jett (et là Voltaire faire une attaque)
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Un Tramway nommé désir
Ils indiquent le texte du Combattimento di Tancredi i Clorinda (extrait de la Jérusalem délivrée) , mais pas la musique, mais c'est bien cela me semble-t-il, ou en tout cas ça y ressemblait bien, avec de la guitare électrique :
Alcina- Messages : 1206
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Re: Un Tramway nommé désir
Pas de doute, c'était bien cela !!! J'adore l'une et l'autre version pareillement. Ah, ACA...Alcina a écrit:Ils indiquent le texte du Combattimento di Tancredi i Clorinda (extrait de la Jérusalem délivrée) , mais pas la musique, mais c'est bien cela me semble-t-il, ou en tout cas ça y ressemblait bien, avec de la guitare électrique :
Et petit coup de Renate, dans une autre reprise (et pour vous donner une idée du spectacle, ceux qui ne l'ont point vu) :
Rafaella- Messages : 1775
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