Bel canto au TCE, Sumi Jo et Antonino Siragusa

[Alcina]

Alors, en bref : une soirée d'hystérie et de pyrotechnique, j'avoue m'être laissée emportée avec plaisir dans ce qui est tout même franchement et sans connotation péjorative, du cirque !
C'était un festival de suraigus forte pour lui, piani pour elle, histoire de faire valoir combien ils sont fortiches dans cet exercice d'équilibriste. La technique pour la technique...
Et ça marche... on se dit, il va le faire, il va pas le faire, tombera, tombera pas... Et quand elle balance un suraigu piano tenu et aérien, on se dit qu'elle vieillit bien, mémère... On dirait une jeune fille ! Avec des robes, mais des robes... C'est une soirée "show", dans tous les sens du terme, mais portée par un plaisir, une bonne humeur communicative. Et tant pis si les extraits de Rigoletto sont tout sauf du Verdi, c'est jouissif !
Belle découverte que Sumi Jo en live, car en enregistrement, je suis convaincue une fois sur deux seulement, bien qu'elle soit une technicienne et une musicienne hors pair... Et confirmation que Siragusa est un vrai crâneur, mais c'est génial dans ce répertoire ! J'avais déjà adoré son rôle de méchant dans un Rossini à Pleyel, et là, encore une fois, je le trouve bluffant, j'ai hâte d'aller l'entendre dans le Barbier ! (alors que bon, ce n'est pas trop ma tasse de thé d'ordinaire...) C'est dingue comme ça a l'air simple en plus pour ces deux-là !

Au programme :
Donizetti : Les Martyrs, ouverture
"Una furtiva lagrima", air extrait de L'elisir d'amore
Rossini : "Si ritrovarla io giuro", air extrait de La Cenerentola
Bellini : "Care compagne", air extrait de La Sonnambula
Verdi : "Caro Nome", air extrait de Rigoletto
Bellini : "Prendi l'anel ti dono", air extrait de La Somnanbula
Rossini : Guillaume Tell, ouverture
Meyerbeer : "C'est bien l'air que chaque matin", air extrait de L'Etoile du Nord
Rossini : "Deh troncate", air extrait de Elisabetta regina d'Inghilterra
Donizetti : "Quoi? Vous m'aimez?", "Il faut partir", "A mes amis", airs extraits de La fille du régiment bissé en plein milieu

(il s'est pas fait beaucoup prier en fait, ça avait l'air franchement téléphoné, mais bon, quel plaisir aussi ! le mec, genre je me fais deux fois d'affilée les 9 contre-machins et en plus dans le Bellini, cette note impossible, et le tout avec fraîcheur, comme un mec qui soulève 100 kg avec le ptit doigt sans transpirer et avec le sourire)

Bellini : "Fini, mi lassa", air extrait de I Puritani
Bis : Inevitable air du Duc de Mantoue qui a évidemment soulevé l'hystérie, puis Bellini, "son vergine vezzosa", avec des ornements à n'en plus finir, et après, un "libiamo" un peu traître pour elle parce qu'elle a un volume inférieur à celui du fougueux Italien, mais ils étaient tous mimis à danser comme ça.


Violetta et la Vioque, que j'ai ratées complèteront !
J'ai cru voir Godasse dans le métro, mais apparemment, ce n'était pas elle (décidemment, je ne vois rien avec mes nouvelles lentilles !)

Ah oui, et sinon, je suis peut-être un peu folle, mais à plein de reprises dans l'ouverture de Guillaume Tell, j'ai pensé à la Chevauchée des Walkyries...

[Alcina]

Cadeau :

[Alcina]

Allez, un autre petit cadeau-souvenir !

C'est marrant, sa voix ne sonne pas aussi ingrate en live ! C'est pas une très jolie voix, c'est vrai, mais c'est quand même whaou !

[Violetta]

Festival de technique effectivement.
Programme très orienté "cirque" oui et pour un triomphe facile, pour mettre de l'ambiance. (rien de péjoratif non plus si c'est bien fait, ce qui était le cas).
Grosso modo les mêmes impressions qu'Alcina.

Siragusa : du volume, aigus montés assez systématiquement tout de même, mais qui pètent (avec un rien de nasal... mais bon aujourd'hui ils le sont tous). Un peu crâneur effectivement le garçon dans sa façon de jouer avec le public (c'était parfois un peu... "eh, je peux le faire, je suis trop fort et facile" : Le coup de regarder sa montre pour nous montrer qu'il tient son aigu, je trouve ça un peu "frime à bas prix"). Mais bon, il peut se le permettre.
Il avait apparemment décidé de bisser "pour mon âme" quoi qu'il arrive (c'est la nouvelle mode), c'est évident.


Jo, c'est une démonstration de technique. Le vibrato rapide m'a un peu gênée et le timbre est un peu insipide (pour moi). Ca reste une "petite voix" tout de même (super bien maîtrisée cela dit). Un rien froid cependant. En même temps les morceaux proposés ne permettaient pas non plus de se laisser à une émotion intense. Mais elle faisait plus un show qu'une recherche d'interprétation. Les vocalises et variations sur "A" en virant carrément les paroles dans "Son vergin vezzosa", je dois dire que c'est amusant, mais que ce n'est pas forcément la façon dont j'aime entendre Bellini.
Les duos la mettaient clairement à mal et tournaient "en faveur" de Siragusa.

Juste deux petites remarques sur le programme : L'ouverture de la première partie c'était Don Pasquale je pense. Enfin c'est ce qu'il m'a semblé. Et Jo a sucré "Il faut partir", qui a disparu du programme au final.

Bref, au diable les réserves : sans être inoubliable, ce fut une très belle soirée.

[Alcina]

Siragusa : du volume, aigus montés assez systématiquement tout de même, mais qui pètent (avec un rien de nasal... mais bon aujourd'hui ils le sont tous). Un peu crâneur effectivement le garçon dans sa façon de jouer avec le public (c'était parfois un peu... "eh, je peux le faire, je suis trop fort et facile" : Le coup de regarder sa montre pour nous montrer qu'il tient son aigu, je trouve ça un peu "frime à bas prix"). Mais bon, il peut se le permettre.
Il avait apparemment décidé de bisser "pour mon âme" quoi qu'il arrive (c'est la nouvelle mode), c'est évident.

c'est clair, il n'attendait que ça !

En même temps les morceaux proposés ne permettaient pas non plus de se laisser à une émotion intense. Mais elle faisait plus un show qu'une recherche d'interprétation. Les vocalises et variations sur "A" en virant carrément les paroles dans "Son vergin vezzosa", je dois dire que c'est amusant, mais que ce n'est pas forcément la façon dont j'aime entendre Bellini.

Je suis bien d'accord avec toi ! ça n'a rien à voir avec les oeuvres. C'est quelque chose qui en temps normal m'agace, mais dans ce type de soirée, c'est tellement affiché et assumé, le côté "numéro technique", que finalement ça ne m'a pas dérangée ; nous étions là pour nous prendre des suraigus plein les oreilles, et ils étaient là pour jouer les équilibrites, pas pour interpréter Gilda, Tonio ou Elvira...

Juste deux petites remarques sur le programme : L'ouverture de la première partie c'était Don Pasquale je pense. Enfin c'est ce qu'il m'a semblé. Et Jo a sucré "Il faut partir", qui a disparu du programme au final.

En effet, j'ai copié-collé sans faire gaffe pour l'air de Jo, et j'avoue mon ignorance crasse de l'oeuvre de Donizetti, excepté Lucia, du coup, je n'ai absolument pas remarqué la substitution des ouvertures !

[Violetta]

Je suis bien d'accord avec toi ! ça n'a rien à voir avec les oeuvres. C'est quelque chose qui en temps normal m'agace, mais dans ce type de soirée, c'est tellement affiché et assumé, le côté "numéro technique", que finalement ça ne m'a pas dérangée ; nous étions là pour nous prendre des suraigus plein les oreilles, et ils étaient là pour jouer les équilibrites, pas pour interpréter Gilda, Tonio ou Elvira...

Complètement d'accord sur tout.
D'autant que pour Elvira, c'était un bis en plus... donc bon, c'était assumé démonstration et show pour éblouir le public ; ce qui fait qu'au final ça passe. Il faut juste le prendre pour ce que c'est.

[La Vioque]

Merci pour ces CR, ils résument assez bien ce que j'en ai pensé, c'est sûr que Siragusa est un peu "cabot", il joue très bien avec le public, qui était de toutes façons bien "en forme", même avant l'arrivée des chanteurs. Rien à voir avec Pleyel où il faut parfois attendre la 2ème partie pour que le public applaudisse vraiment. donc les chanteurs sont dans le bain dès le début. Pour le côté "reportage France dimanche", Sumi Jo n'a eu que deux toilettes, mais la première comme l'a dit Violetta, on dirait une grosse cigale, dans un "accord " limite d'orange et de rose (?)...
On sent beaucoup de travail et de technicité dans les oeuvres que Sumi Jo nous a offertes, mais cela enlève un peu de charme, à mon avis, j'avais personnellement plus l'impression d'une présentation à un concours que d'un récital, mais cette observation, c'est si je veux être méchante, parce que c'est magnifique ce qu'elle fait...
Quant à Antonino, c'est vrai qu'il a beaucoup de puissance et de présence scènique...
Bref une très bonne soirée, dommage que nous ayons "loupé" Alcina, à une prochaine fois, donc, la saison commence....

[Mrs Dalloway]

Merci pour tous ces beaux CR ! J'ai vu Siragusa hier dans le Barbier, je tâcherai d'en faire un modeste compte-rendu, d'accord avec l'indéniable présence scénique et le côté nasal

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