l'Opéra de Lyon peut aussi se planter
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Mrs Dalloway
Rafaella
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l'Opéra de Lyon peut aussi se planter
Avec son dernier Don Giovanni, par exemple.
Autant la mise en scène raz du plancher d'Adrian Noble passait avec Carmen à Favart, autant là, Don Giovanni dans un décor New Orleans années 30, on comprend vraiment pas ce que ça ajoute, à part quelques prostituées habillées local et des chapeaux et trench coats à la Al Capone... sans Al Capone, non, juste les costumes, hein, faudrait pousser la transposition trop loin. Ah, oui, au II, cela permet aussi à DG, puis Leporello, de s'enfuir par... une bouche d'égout bien fumante... La direction d'acteurs est totalement inexistante, le choeur des pleureuses est encore plus insupportable que sur le papier, Ottavio, encore plus patachon mou que dans la vraie vie... Seuls s'en tirent à peu près bien Zerline et Leporello, dont les rôles de gueux sont il est vrai plus faciles à remplir tout seul quand on n'a pas de metteur en scène qui nous dise quoi faire... Ah, les bras en l'air de Donna Elvira éplorée, échine courbée, face au public... Car oui, ils chantent tous debout face au public, sûrement pour rendre à l'oeuvre toute sa dramaturgie. Aucune vision du héros ni du mythe, n'en parlons même pas, aucune lecture, aucune proposition. On pouvait détester la mise en scène de Haneke mais au moins, il avait réfléchi (et perso j'ai adoré).
Des chanteurs laissés à eux-mêmes, donc, et de bien petites voix...
Markus Werba, Don Giovanni de ce soir, semble toujours passer en force, la tête coincée dans les épaules, les yeux à terre en permanence. Un physique avantageux (il ressemble à Vincent Perez dans la Reine Margaux et son torse nu à la fin est ma foi fort bien fait) ne fait pas tout. Leporello s'en sort mieux, sans doute pour les raisons évoquées plus haut. Masetto est honnête mais bien jeune et peu viril. On dirait plus chérubin. Ottavio est une cata. Le Commandeur d'Andreas Bauer est le seul à donner de la voix et je ne sais pas vous mais moi les basses, j'en pince toujours pour eux.
Côté pleureuses, Alexandrina Pendatchanska (Appelons-là, pour la suite, Machinskaia elle aussi), habituée des enregistrements de Jacobs, confirme tout le mal que j'avais pensé d'elle en Elettra dans Idoménée (Pleyel, décembre dernier) : une toute petite voix, doublée d'une très très piètre actrice, souvent ridicule dans ses pauses, sa démarche, ses mimiques. Il est vrai que la mise en scène en fait vraiment une grande cruche et que ça n'aide pas. Pompon : elle a démarré trop tôt sa partie dans le trio des masques, a dû s'arrêter, reprendre. Je n'avais encore jamais vu ça. Donna Anna se rachète un peu sur la fin, mais que tout semble fade et banal. Pas d'engagement musical, pas d'engagement scénique. J'ai donc craqué pour Zerline, campée avec ardeur, passion et innocence par Christina Daletska (j'adore dire des noms de chanteurs inconnus, ça donne tout de suite un côté France Musiques vu par les Inconnus) : belle voix, un peu grave et voilée, belle prestance, charisme certain.
Côté fosse, beurk. Les tempi rapides, je n'ai rien contre, Jacobs le fait et j'adore sa version. Mais n'est pas Jacobs qui veut et Christopher Moulds nous a quand-même servi une soupe pas possible, sèche, criarde, hâchée, beuglante et à la limite de la cacophonie... surtout quand la section de musique enregistrée est partie alors que ce n'était pas du tout le moment...
Mon CR ne serait complet sans le récit du troisième couac de la soirée... A plusieurs reprises, des cordes à linge descendent des cintres (moi non plus je ne sais pas pourquoi) et tout le monde chante entre les cordes à linge, donc. Sauf qu'au moment de les remonter, Ottavio ce gros pataud s'est pris les pieds dedans et à commencé à s'élever dans les airs avant que les machinistes ne se rendent comptent de la gaffe. Bon, ils l'on redescendu mais la salle avait déjà eu le temps d'éclater de rire... Suite à quoi le mécanisme était bloqué et les réparations nécessaires, bruit de ferraille bien résonnants, ont entaché tout le récitatif d'Elvira qui précède "Mi tradi quell'anima ingrata"...
Y a des soirs comme ça
Autant la mise en scène raz du plancher d'Adrian Noble passait avec Carmen à Favart, autant là, Don Giovanni dans un décor New Orleans années 30, on comprend vraiment pas ce que ça ajoute, à part quelques prostituées habillées local et des chapeaux et trench coats à la Al Capone... sans Al Capone, non, juste les costumes, hein, faudrait pousser la transposition trop loin. Ah, oui, au II, cela permet aussi à DG, puis Leporello, de s'enfuir par... une bouche d'égout bien fumante... La direction d'acteurs est totalement inexistante, le choeur des pleureuses est encore plus insupportable que sur le papier, Ottavio, encore plus patachon mou que dans la vraie vie... Seuls s'en tirent à peu près bien Zerline et Leporello, dont les rôles de gueux sont il est vrai plus faciles à remplir tout seul quand on n'a pas de metteur en scène qui nous dise quoi faire... Ah, les bras en l'air de Donna Elvira éplorée, échine courbée, face au public... Car oui, ils chantent tous debout face au public, sûrement pour rendre à l'oeuvre toute sa dramaturgie. Aucune vision du héros ni du mythe, n'en parlons même pas, aucune lecture, aucune proposition. On pouvait détester la mise en scène de Haneke mais au moins, il avait réfléchi (et perso j'ai adoré).
Des chanteurs laissés à eux-mêmes, donc, et de bien petites voix...
Markus Werba, Don Giovanni de ce soir, semble toujours passer en force, la tête coincée dans les épaules, les yeux à terre en permanence. Un physique avantageux (il ressemble à Vincent Perez dans la Reine Margaux et son torse nu à la fin est ma foi fort bien fait) ne fait pas tout. Leporello s'en sort mieux, sans doute pour les raisons évoquées plus haut. Masetto est honnête mais bien jeune et peu viril. On dirait plus chérubin. Ottavio est une cata. Le Commandeur d'Andreas Bauer est le seul à donner de la voix et je ne sais pas vous mais moi les basses, j'en pince toujours pour eux.
Côté pleureuses, Alexandrina Pendatchanska (Appelons-là, pour la suite, Machinskaia elle aussi), habituée des enregistrements de Jacobs, confirme tout le mal que j'avais pensé d'elle en Elettra dans Idoménée (Pleyel, décembre dernier) : une toute petite voix, doublée d'une très très piètre actrice, souvent ridicule dans ses pauses, sa démarche, ses mimiques. Il est vrai que la mise en scène en fait vraiment une grande cruche et que ça n'aide pas. Pompon : elle a démarré trop tôt sa partie dans le trio des masques, a dû s'arrêter, reprendre. Je n'avais encore jamais vu ça. Donna Anna se rachète un peu sur la fin, mais que tout semble fade et banal. Pas d'engagement musical, pas d'engagement scénique. J'ai donc craqué pour Zerline, campée avec ardeur, passion et innocence par Christina Daletska (j'adore dire des noms de chanteurs inconnus, ça donne tout de suite un côté France Musiques vu par les Inconnus) : belle voix, un peu grave et voilée, belle prestance, charisme certain.
Côté fosse, beurk. Les tempi rapides, je n'ai rien contre, Jacobs le fait et j'adore sa version. Mais n'est pas Jacobs qui veut et Christopher Moulds nous a quand-même servi une soupe pas possible, sèche, criarde, hâchée, beuglante et à la limite de la cacophonie... surtout quand la section de musique enregistrée est partie alors que ce n'était pas du tout le moment...
Mon CR ne serait complet sans le récit du troisième couac de la soirée... A plusieurs reprises, des cordes à linge descendent des cintres (moi non plus je ne sais pas pourquoi) et tout le monde chante entre les cordes à linge, donc. Sauf qu'au moment de les remonter, Ottavio ce gros pataud s'est pris les pieds dedans et à commencé à s'élever dans les airs avant que les machinistes ne se rendent comptent de la gaffe. Bon, ils l'on redescendu mais la salle avait déjà eu le temps d'éclater de rire... Suite à quoi le mécanisme était bloqué et les réparations nécessaires, bruit de ferraille bien résonnants, ont entaché tout le récitatif d'Elvira qui précède "Mi tradi quell'anima ingrata"...
Y a des soirs comme ça
Rafaella- Messages : 1775
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Date d'inscription : 06/04/2009
Age : 81
Localisation : Raiuno, Canalsat, Mediaset
Re: l'Opéra de Lyon peut aussi se planter
Je suis pliée devant ton compte-rendu ! Un morceau d'anthologie !
Re: l'Opéra de Lyon peut aussi se planter
Mais c'était beaucoup moins drôle en live !!!Mrs Dalloway a écrit:Je suis pliée devant ton compte-rendu ! Un morceau d'anthologie !
Rafaella- Messages : 1775
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Date d'inscription : 06/04/2009
Age : 81
Localisation : Raiuno, Canalsat, Mediaset
Re: l'Opéra de Lyon peut aussi se planter
Magnifique spectacle de clowns ! Ca vaudrait presque le coup d'y aller pour s'amuser (mais je pense que la drôlerie qui ressort de tout cela tient plus à ton humour ....)
En tous cas, c'est dangereux les cordes à linges ! et l'épisode n'a pas du arranger l'interprétation d'Ottavio ...
En tous cas, c'est dangereux les cordes à linges ! et l'épisode n'a pas du arranger l'interprétation d'Ottavio ...
Clara- Messages : 1070
Points : 1232
Réputation : 100
Date d'inscription : 06/04/2009
Age : 63
Re: l'Opéra de Lyon peut aussi se planter
Tu es sûre que ce n'était pas une caméra cachée ?
Zac- Administrateur
- Messages : 2999
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Date d'inscription : 06/04/2009
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Re: l'Opéra de Lyon peut aussi se planter
Enorme... mais c'est clair qu'Ottavio en nigaud, ça colle !
Violetta- Messages : 2375
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Date d'inscription : 06/04/2009
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Re: l'Opéra de Lyon peut aussi se planter
J'adore ton CR...il m'a bien fait rire pour débuter la journée...
La Vioque- Messages : 1313
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Date d'inscription : 06/04/2009
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