Joyce DiDonato au Liceu - Barcelona 2010

cast-a-diva Mar 26 Jan - 5:06

Que dire, que dire... Je suis encore sur mon petit nuage et j'ai l'estomac qui se retourne rien qu'en y repensant, c'est dire (ou alors c'est que je suis très très émotive, ce qui est vrai aussi). Magnifique soirée que nous a offert Joyce. Un programme intelligent, finement mené, composé de chansons glorifiant l'amour, qu'il fasse souffrir ou qu'il transcende.

Dès son entrée sur scène, ça commence fort: "Danza, danza, fanciulla gentile" et "Se tu m'ami", toutes deux récompensées à la fin par le public, puis "Amarilli" -d'une beauté absolue et d'une nostalgie, d'une douceur ineffable- qui déclenche un tonnerre d'applaudissements. Très beau cycle de Beethoven, que je ne connaissais pas du tout, et "Assisa appiè d'un salice" toujours aussi enchanteur, avec une introduction de David Zobel empreinte de ce qu'il faut de mélancolie. Suit le cycle de Francesco Santoluiquido, que j'avais moyennement apprécié dans son récital à San Fransco, mais là aussi, c'est juste magnifique. Le reste est tout aussi impressionnant de musicalité que d'intimité.

Une Joyce en très très grande forme, avec toujours cette énergie qui lui est propre, une joie de vivre, d'être ici avec nous, de partager et de créer quelque chose, qui fait plaisir à voir et qui s'entend. Et quelle voix! Ce velouté et cette puissance, cette chaleur et cette délicatesse... On m'avait dit que le Liceu était moyen niveau acoustique, mais rien à dire, elle m'a littéralement enveloppé chaque fois qu'elle ouvrait la bouche. A la fin de chaque air, c'était comme si le temps était suspendu, que le public prenait le temps de digérer ce qu'il venait d'entendre et de ressentir, avoir d'exploser en applaudissements et en "brava!". J'ai adoré ces moments où elle sortait de cette espèce de transe dans laquelle elle s'était plongée, et ou l'on osait à peine applaudir de peur de briser le lien qui s'était établi et ainsi laisser la magie s'envoler. Standing ovation à la fin, elle est revenue quatre fois sur scène, le Liceu ne voulait plus la laisser partir (au dernier rappel, elle a montré son poignet et frotter son ventre, "ça suffit maintenant, j'ai faim" Very Happy

). Très bon public, il faut le dire, complètement plongé dans le récital, faisant taire les applaudissements intempestifs et attentif à tout. Parfait. A noter que les chansons chantées en espagnol ont été particulièrement appréciées... et Joyce s'est excusée de ne pas parler le catalan (qui parle catalan à part les Catalans, en même temps?)

Et Joyce... Joyce qui chante autant qu'elle joue, qui même en récital se met dans la peau du personnage, et nous fait voyager avec elle. Amour triomphant à la Carmen dans "La Spagnola" (ou c'est limite si elle se met à danser le flamenco et à jouer avec sa robe Wink

), amour impatient voir inquiet dans "L'amante impaziente", amour mélancolique dans le cycle de Santoliquido, bref, tout un panel d'émotions et de personnages qu'elle se fait un plaisir d'incarner. Comme encores, Cherubino, auquel elle rajoute un noeud papillon avant d'entamer "Voi che sapete" -complètement dans le rôle, elle se tient raide et salue d'une courte révérence à la fin, absolument adorable- et Tanti affetti, avec des ornementations magnifiques de la part de David Zobel, le pianiste, le tout couronné par les impressionnantes vocalises de Joyce.

Conférence sur Cenerentola qui suit le récital, se terminant rapidement en séance de dédicaces... où je lui parle enfin I love you