Cosi dovrebbero fare tutti

[Rafaella]

Parlons un peu de ce Cosi donné à Pleyel par Jacobs cette semaine... Quelle soirée !!! De ces soirées ou l'ensemble est encore meilleur que chaque partie séparée, grâce un longue préparation, un très grand professionnalisme, un vrai esprit de troupe, une joie évidente pour tous d'être sur scène, un plaisir collectif totalement communicatif.
C'est fou comme à chaque fois que je vois Jacobs diriger Mozart j'ai l'impression que c'est la première fois que j'entends du Mozart, léger, vif, alerte, heurté aussi, précis, punchy. Jacobs est un vrai magicien qui donne à entendre de l'inouï à chaque fois. Son Don Govanni est d'une violence rare, d'une noirceur terrible ; sa Flûte enchantée épouse la fraîcheur du livret et revient aux origines populaires du conte. Son Cosi bien barroqueux à fond relève de la même démarche, de la même recherche de dépoussiérage. On retrouve la même vivacité, la même sécheresse aussi, et c'est la justement que je me demande si ça convient vraiment aussi bien à Cosi qu'aux autres : un peu plus de languissement, de rondeur, ne m'aurait pas déplu. Cela n'enlève rien au fait que sa direction est passionnante, captivante, et le Freiburger Barockorchester, excellent. Mais je me demande si Jacobs n'est pas tombé dans un "système" dont il ne sortira plus, c'est tout.
Et dans le "système" Jacobs, il y a aussi la volonté de ne pas engager de chanteurs qui pourraient lui faire de l'ombre et éclipser sa direction, d'où cette frustration à chaque fois de devoir faire avec une distribution bien en dessous de la qualité de la direction. Des chanteurs non pas indignes, loin de là, mais loin des sommets aussi. Pourtant, on a bien vite oublié cette réserve, tant tout le monde est investi pour rendre vivante une version de concert dans laquelle on a vu plus de théâtre que depuis un an à l'Opéra de Paris. Sans décor, sans accessoires, ils utilisent tout l'espace scénique, les escaliers, les portes, l'arrière-scène, se déplacent autour de l'orchestre : c'était bien une version sans décor, et non une version de concert, et la preuve éclatante que la réussite d'un spectacle tient autant à la direction d'acteurs qu'à la direction musicale. Quand les deux se rencontrent (et il est certain que la responsabilité en incombe à Jacobs), c'est un vrai bonheur. Alors oui, ils devraient tous faire comme ça, les directeurs des grandes maisons d'opéra...[i][b]

[Voltaire]

Coucou Rafaella, me revoilà moi aussi. Jacobs de retour, et je sors de mon terrier. Tu as raison, quelle soirée ce fut et quel contraste avec les daubes de l'ONP!!! Je n'aurais pas mieux trouvé comme titre : voilà en effet ce que devraient faire tous les directeurs de théâtre : inviter Jacobs, lui laisser carte blanche pour monter un spectacle grandiose comme lui seul en a le secret! C'est tellement de rare de voir des orchestres aussi géniaux, avec une mécanique parfaite, où il n'y a pas un seul boulon qui saute !!! Moi je dis chapeau bas!
Si je te trouve assez sévère vis-à-vis de la distribution, peut-être est-ce parce que tu restes encore trop sous l'emprise des grandes voix. Pourtant, la Donna del Lago que l'on a vu cet été, avec ces deux grosses pointures que sont DiDonato et Florez, a prouvé que ce ne sont pas les grandes voix qui font les grands spectacles. Pour que "grand spectacle" il y ait, il faut encore une vision, et de ce point de vue Jacobs en a une! Une vision de la partition, une vision du livret... Jacobs est dans une logique de troupe, il fait appel à ses chanteurs, exactement comme Mozart mobilisait les Bussani dans chacun de ses derniers opéras.
Vision de l'action, aussi. Car c'est Jacobs, encore, qui a conçu la mise en espace! C'est assez bien vu de dire qu'ils ont utilisé tout l'espace, la scène, l'arrière-scène, les escaliers... Mais il y avait quand même quelques accessoires. Je ne peux pas croire que tes yeux "hors cadre" n'aient pas vu le gant de Mesmer qu'a enfilé Despina et qui a électrisé le sexe de Guglielmo!!!
Bon, sinon notre ami GF a posté sur son blog les photos du concert. Voici le lien pour ajouter quelques images au texte : http://italiansbetter.blogspot.com/2010/10/cosi-fa-jacobs.html

[Voltaire]

Mais je me demande si Jacobs n'est pas tombé dans un "système" dont il ne sortira plus, c'est tout.

Qu'est-ce que tu veux dire par là? Que le système est ennemi de la rondeur? Tant mieux! Surtout pas de rondeur, c'est bourgeois la rondeur!!!

[Rafaella]

Mais je me demande si Jacobs n'est pas tombé dans un "système" dont il ne sortira plus, c'est tout.

Qu'est-ce que tu veux dire par là? Que le système est ennemi de la rondeur? Tant mieux! Surtout pas de rondeur, c'est bourgeois la rondeur!!!

Surtout les tiennes !!!

[Voltaire]

[quote="Rafaella"]

Surtout pas de rondeur, c'est bourgeois la rondeur!!!

Surtout les tiennes !!!

Ca c'est bas, très bas !

[Rafaella]

[quote="Voltaire"]

Surtout pas de rondeur, c'est bourgeois la rondeur!!!

Surtout les tiennes !!!

Ca c'est bas, très bas !

C'est pour t'apprendre qu'ici, quand on fait un CR, on a un plussain.
Sans rire, la distribution de la Flûte donnée à Aix l'an passé posait quand-même problème (malgré une pimpante et ravissante Sun-hae Im -tu l'écris comment? en Papagena, bien au-dessus du lot, mon CR doit traîner quelque part). Il y a quand-même quelque chose de sensiblement prétentieux chez Jacobs qui m'énerve, du genre, "C'est comme ça que ça doit être dirigé, et pas autrement, j'ai lu des livres moi Monsieur" qui me dérange. Entendons-nous bien, j'adore ses Mozart, ses Haendel, tout, mais parce qu'ils sont pleins de pep's et d'énergie, dramatiques à souhait, pas parce qu'ils sont "philologiques" ou "fidèles aux volontés de l'auteur", ou "tels que joués à l'époque", non, surtout pas. Et je serais bien curieuse de savoir quel son avaient des instruments "d'époque", il y a 225 ans...
Ensuite, c'est passionnant d'écouter Jacobs parler des livres qu'il a lus lui Monsieur, et nous avons vraiment assisté à un super concert lundi dernier
Raf, en mode "en toute chose mesure est bonne", ce qui ne me ressemble guère...

[Violetta]

OK, je tope Raf' !

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