La Traviata (Verdi) - Wiener Staatsoper - 7 et 11 mai 2009

[Violetta]

Dir. Marco Armiliato
Violetta Valery Anna Netrebko
Alfredo Germont Joseph Calleja
Georgio Germont Vladimir Stoyanov
(ai oublié le reste du cast, d'ailleurs tout le monde s'en fiche... non ?)

Vielle production d'Otto Schenk, dont ce sont les 275è et 276è représentations au Staatsoper.

1ère soirée :

Prélude... un peu les larmes aux yeux de me retrouver là, d'entendre cette magnifique musique dans cette magnifique salle, à Vienne, avec cette vue extraordinaire. L'ambiance...
Et puis étonnée de la qualité du son.

Le rideau s'ouvre sur la fête chez Violetta. Décor et costumes ultra-classiques, mais c'est beau ! On sait que l'on va voir une "vraie" Traviata.
http://www.staatsoper.at/resizer/resize.php?imgid=1286&date=1031933887&width=144&host=http://www.staatsoper.at/&file=http://www.staatsoper.at/Content.Node2/bilder/inszenierungen/Traviata.JPG

[Violetta]

Bon, Violetta arrive en descendant de grands escaliers. Elle fait déjà un malaise et va se soigner au champagne (qu'est-ce qu'elle va écluser dans le 1er acte d'ailleurs !!! ).
Netrebko me fait peur dans les premières phrases... quelques faussetés dès le départ, mais la projection et la voix sont là.
Violetta trinque avec tout le monde... et s'envoie encore du champagne.
Heureusement le brindisi se passe bien. Violetta fait le tour de la table et vide encore une coupette ! Impressionnée par la projection de Calleja, qui malgré un vibrato mitrailette très rapide et parfois presque saccadé a un timbre que je trouve convaincant pour ce rôle.
Re-malaise... et hop champagne !
On enlève les tables et on laisse Violetta se remettre.
Quand Alfredo lui dit que si elle continue comme cela elle va se tuer, là on comprend pourquoi : il faut voir tout ce qu'elle a descendu !
Le duo : les faussetés ont disparu. Ouf ! Elle avait en fait juste besoin de se chauffer.
Malgré tout, ses fins de phrase sont un peu précipitées, comme si elle ne pouvait pas aller au bout sinon. Un peu frustrant.
Le duo se passe très bien et est très émouvant. On voit déjà Violetta réfléchir et être bouleversée par le choc de ce qu'elle entend, comme si c'était la première fois qu'on lui parlait vraiment d'amour et qu'elle avait toujours attendu cela : ce en quoi elle prépare déjà le terrain pour le Ah fors'è lui, qui raconte exactement cela. L'actrice est géniale.

Netrebko a mûri dans l'interprétation du personnage. Elle a davantage compris certaines phrases et les joue différemment par rapport à ce qu'elle a pu faire avant. Quand elle congédie Alfredo tout en lui disant de revenir et qu'elle lui demande s'il va lui dire qu'il l'aime encore, on sent qu'elle est déjà perturbée par cet homme qui lui refait encore cette déclaration (alors qu'elle lui a fait comprendre qu'elle cèderait comme une courtisane)... et que ce n'est donc pas qu'un "homme de plus".

[Violetta]

Quand il part, elle reste figée dans ses pensées et il faut voir son visage !!!
Les invités se cassent et lui disent au revoir. Elle reçoit l'hommage de quelques messieurs puis se tourne vers le choeur (dos au public) et là tout de même, on peut voir presque imperceptiblement que Netrebko se dandine légèrement, en rythme, sur la musique.

E strano... tout en sensibilité.
Ah fors'è lui... elle a craqué au même endroit pour ses 4 dernières Traviata, donc j'ai un chouia peur, mais non : elle prend son temps et s'applique, ça passe bien. Bon, elle n'interpole pas le contre-ut à la fin, mais ce n'est pas la peine : c'est du beau travail, malgré toujours ces quelques fins de phrase trop vite bâclées.
Les aigus de gioir etc. sont justes et peut-être un peu tendus, mais ça va.
La cabalette voit ses vocalises un peu ralenties par prudence (merci au chef très attentif). Elle interprète vraiment différemment la reprise et y met d'autres couleurs quand elle entend Alfredo.
Evidemment elle ne fait pas le mi-bémol.
Mais au final, je suis soulagée : ça a envoyé. Même si tout n'est pas parfait vocalement, Netrebko a assuré et son interprétation de Violetta est décidément intelligente !

[Violetta]

Acte 2.
Air d'Alfredo. Calleja est un peu monolithique dans son interprétation, mais cela fait tout de même son effet !
Il ne fait pas le contre-ut à la fin de la Cabalette, mais je m'en fiche royalement : au contraire, je préfère cela à ceux qui ne vont pas au bout de toutes les notes pour finalement pousser un cri de chapon.

Violetta arrive, en prononçant ses premiers mots très distinctement malgré une plume (pour écrire) dans la bouche. Elle est un peu coiffée et habillée comme Laura Ingalls quand elle a grandi...
Avec un joli chignon en plus : disparue la courtisane. L'Alfredo l'a bien changée la bobonne.

Arrive le père Germont. Le timbre en live n'est pas aussi "slave" que ce que j'avais entendu dans d'autres enregistrements... on ne peut pas dire qu'il soit transcendant, mais il faut bien son job !
Bon, dans les duos, elle le bouffe un peu car sa projection à elle est bien meilleure.
Elle fait d'ailleurs un acte 2 bouleversant. Elle se décompose, se révolte au départ, mais sans tomber dans la caricature, car au contraire, elle sent déjà que c'est assez inexorable... à pleurer !!!
Vocalement et musicalement génial... Godasse pleure à côté de moi. De mon côté je n'en mène pas large.

Germont se casse. Elle écrit sa lettre. Alfredo arrive. Là encore ce que fait la comédienne est génial.

[Violetta]

Elle a vraiment compris ce que dit Violetta à Alfredo et cherche à le rassurer... en lui faisait croire que tout va s'arranger avec son père. Actrice à deux niveaux de jeu : génial !!!
Amami Alfredo ! Mince, c'est quoi cette boule que j'ai dans le ventre ??? Et ces frissons quand les cordes montent ???
Oh la la... c'est bien envoyé ! Le dernier est un chouia monté, mais ce n'est vraiment pas grave.
Noeud dans ma gorge, bobo au ventre.
Ah oui : penser à recommencer à respirer.

Du coup, le Di Provenza il mar sonne creux, car il faut digérer ce qui vient de se passer. Mais Stoyanov ne démérite pas et ne gâche en rien la soirée. Cabalette pas mal.


Bon, la fête chez Flora.
Le ballet est très beau, avec des danseurs et des danseuses habillés dans de beaux costumes de gitanes ou de toréadors. Vraiment super agréable ! D'habitude cette partie me saoule un peu, mais là, ça se laisse vraiment regarder et écouter.

[Violetta]

Bon, la fin de l'acte 2 est toujours éprouvante pour mes glandes lacrymales dans la Traviata ! Je la trouve absolument magnifique.
Violetta est super mal à l'aise dès le départ, tourne un peu en rond, à l'écart des joueurs, d'un air désespéré. Elle pressent que quelque chose va se passer (vous me direz, il ne faut pas être devin pour cela).
Confrontation intense.
C'est clair qu'elle a encore envie de le toucher et de le prendre dans ses bras. Quand elle "avoue" qu'elle aime Douphol, elle ne le fait pas par provocation (comme à salzbourg ou comme Glou à Covent Garden), mais sans force, presque en pleurant. Il est vraiment débile de ne pas comprendre ce qui se passe réellement à ce moment Alfredo !
Et vlan il lui balance les billets !
Là, elle se fige, et au lieu de se révolter ou de tomber dans les pommes tout de suite, on voit passer dans son regard et son visage un mélange de "c'est normal, ça devait arriver, c'est super douloureux malgré tout, je l'aime tout de même et je ne peux pas lui en vouloir, je suis résignée, mais j'en souffre atrocement au fond"... horrible ! Parole : on lit tout ça pendant ces quelques secondes, avant qu'elle ne s'effondre, plus par accumulation de fatigue et d'émotions qui lui montent progressivement à la tête, que sous un choc immédiat.

Alfredo di questo core... purée ! Mais il est terrible ce Verdi !!! je me laisse toujours avoir ! Et puis ce chant sur le fil qu'elle délivre !!! Bou Diou !
Ca fait du bien d'entendre aussi Alfredo distinctement dans le final.
Bon, la fin de l'acte est complètement statique dans la mise en scène, chacun de son côté, mais on s'en fiche. La musique est là.

[Violetta]

Acte 3 :
Bon, on sent tout de suite que ça va être lourd.
Le prélude me fait toujours l'effet de coups de poignard. Les aigus répétés des cordes me donnent à chaque fois l'impression d'être ces espèces d'attaques lancinantes qui déchirent les poumons de Violetta.
Je me fais mon film, mais bon...

Oh la la... oui, elle n'a pas l'air d'être bien !
Le toubib arrive, lui raconte son bobard. Crise de toux et suffocation. Gloups !
La lettre. Violetta la connaît par coeur. En fait il n'y a pas de lettre ici. Elle la récite. Quand elle évoque le nom d'Alfredo, elle prend une autre couleur évidemment. Warf !
E tardiiiiiiiii : pas un cri de révolte, parce qu'elle aurait hâte qu'ils arrivent et qu'ils traînent ici, mais davantage la constatation amère qu'il est trop tard... qu'elle va bientôt mourir et qu'ils ne viendront plus.
Addio del passato. Purée... je vais pleurer... ce n'est pas possible. Elle le balance avec toutes les couleurs qu'il faut... quand elle supplie Dieu de lui pardonner, elle s'enflamme un peu et au secours les kleenex please !!!!!! Là encore tout parfait, sauf le dernier aigu, trop bas, un peu dommage.

Les blaireaux font le carnaval dehors. Il faut voir son visage, comme hypnotisé par ce qu'elle entend. Elle s'approche machinalement de la fenêtre, mais se cache pour ne pas qu'on la voit de dehors... et là, l'expression de douleur sur son visage quand elle confronte cette joie avec sa "vie" !!! Atroce !!! A faire pleurer les pierres.

[Violetta]

Alfredo arrive... ils sont contents mais elle s'effondre. Il la porte sur son lit.
Parigi o cara... Lui est un peu trop focalisé sur son articulation et pas très émouvant, mais c'est bien ce qu'il fait. Elle parfaite. On voit très bien qu'ils se mentent à tous les deux quand ils parlent de l'avenir.
Ma gorge se serre encore un peu plus.

Gran dio morir si giovine... oh lala : ils vont nous tuer ces imbéciles !

Le père arrive, elle fait un nouveau malaise encore plus grave et suffoque. On voit passer sur son visage qu'elle a compris que c'était la fin cette fois-ci (que c'est dur !). Elle prend l'image contre son coeur et appelle Alfredo. On dirait une marche funèbre.
Cette partie est toujours super éprouvante pour moi. Et puis elle le chante divinement bien là ! Les couleurs, les notes y sont, l'interprétation !!!!!!!!!!!

E strano... etc.
Et elle s'effondre !!!

Où suis-je ???


Délire dans la salle.

[Zac]

Bravo et merci pour ce C.R !



Et +1 évidemment ...

[Violetta]

Seconde soirée (11 mai)

La meilleure de la série et probablement une des plus belles Traviata que j'aie jamais vue.

Cette fois-ci, pas de tour de chauffe : elle est en forme dès le début : les faussetés des premières phrases ont disparu et les quelques phrases précipitées du 1er acte qui avaient pu me gêner le 7 sont remplacées par une ligne qui se tient très très bien. Idem pour la cabalette, dont les vocalises ne sont pas ralenties ce soir.

Quant à la projection, elle est encore meilleure que le premier soir. Cette fois, elle dépasse facilement Calleja, qui lui "tenait tête" le 7 (voire était parfois plus fort).

Incident trop drôle tout de même avant leur duo :
Après la fête, quand elle a son malaise, les valets débarrassent les tables où les invités ont mangé et bu pour faire de la place pour danser ! Et là elle a traîné un peu et a dû se précipiter pour poser son verre sur une des tables remplies de vaisselle qui partait ! Du coup, un des porteurs s'est arrêté pour l'attendre, un autre a continué de son côté, mais la table n'était plus très droite et on a entendu un grand "CRASH de verre brisé" en coulisses : genre ils ont tout foutu par terre ! Evidemment, c'est Netrebko et il ne lui en faut pas plus pour éclater de rire ! Heureusement, c'était au moment où elle se moque d'Alfredo et de son prétendu amour, donc elle en a profité et c'est passé comme une lettre à la poste (et surtout cela n'a rien gêné au chant ; si ce n'est que pendant 5 minutes on a entendu le bruit des mecs qui ramassaient le verre en coulisses ).

[La Vioque]

Merci pour ce CR. Histoire de bien en "recoller" une couche après l'épisode Zurichois.
Je reste persuadée que la mise en scène de "mer.." (il faut que je sois bien agacée pour me risquer à écrire cela) a complètement bloqué les chanteurs qui sont restés brimés dans leur interprétation pendant toute la représentation.

[Violetta]

Quand les invités se cassent, non seulement elle s'est encore dandinée en rythme dos au public, mais cette fois-ci, elle secouait aussi la tête en même temps. Elle devait d'ailleurs faire une sacrée tête aux choristes, car les filles qui étaient en train de chanter juste devant elle étaient littéralement mortes de rire.

Et quelques modifications dans la mise en scène. C'est marrant.

Second acte sans chignon ! Plus sexy !

Amami Alfredo parfait ! Pas monté cette fois-ci !!! Ca fait son effet de toute façon, mais là, WHAOU !

Fin de l'acte 2 : il était trop statique la première fois --> elle meuble alors ! Elle ramasse les billets qu'elle vient de perdre à la figure et les regarde comme le symbole du mépris d'Alfredo et de ce qu'elle a pu être. Puis elle les laisse échapper de ses doigts doucement.

[Violetta]

Là, pour la lecture la lettre, Netrebko a fouillé sous son oreiller et trouvé la fameuse lettre (qi était totalement absente le 7), mais idem, elle a joué la lecture comme si elle la connaissait par coeur, en se contentant de la serrer sur son coeur.


Encore un changement : cette fois, à la fin de l'addio del passato (donc l'aigu final était encore trop bas, seul petit couac de la soirée avec un micro trou à peine perceptible - rien à voir avec les blancs qu'elle a pu faire les semaines précédentes - sur Alfredo di questo core...), elle s'est littéralement écroulée à genoux par terre... et ne s'est pas relevée quand elle a entendu le carnaval. L'émotion était trop forte et elle était encore dedans. D'ailleurs toute la salle avait le souffle coupé. Je ne sais pas si c'était un choix de rester comme ça, si encore dedans elle a oublié ou si dans le moment ce n'était plus possible car elle était submergée...
Toujours est-il qu'elle a tout de même jeté un de ces regards en entendant la musique et a fini par s'effondrer dans un sanglot muet bouleversant, face au public, sans tricher et sans même cacher son visage entre ses mains pour simuler plus facilement l'émotion. Je défie tout individu normalement constitué de ne pas être touché à ce moment là.

Une fin et une mort terrible.
Calleja BEAUCOUP plus émouvant dans son Pariggi o cara...
Quant à elle, l'instant qu'elle marque quand elle lui dit que si son retour ne l'a pas sauvé, rien ne le pourra, son visage à ce moment et la façon qu'elle a d'envoyer le AAAAAAAAAAHHHHHHHH Grand Dio morir si Giovine...
Encore plus bouleversant que la première fois.

La mort est insupportable !

[Violetta]

Standing ovation de 20 minutes après, la folie dans les saluts... Hurlements du public, Ola... incroyable.
Deux soirées que je ne suis pas prête d'oublier !

[Invité]

http://anna-netrebko.blogspot.com/2009/05/la-traviata-wiener-staatsoper-wien-4.html


+ 1 pt pour le très bon commentaire

[Clara]

Magnifique compte-rendu! On est vraiment suspendu au souffle de Violetta à travers ton récit!
J'avais été très émue de sa prestation aux côtés de Rolando (via le DVD) mais là en live, ce doit être très fort et l'on peut imaginer qu'elle revisite le personnage encore et encore.
Belle chanteuse et sublime comédienne : j'avais déjà trouvé dans la précédente version que rien n'était surjoué et l'absence de décor (pas forcément appréciée par certains)rehaussait encore le jeu des personnages.
+1

[Violetta]

Là, la performance de l'interprète est encore plus intelligente et réfléchie, mûrie que celle de Salzbourg !

Et j'ai oublié les subtilités vocales nouvelles pour elle par rapport à cette Traviata Salzbourgeoise du genre juste avant la reprise de sempre libera : le premier "gioir" piano, puis le second forte !!! Qui provoquent vraiment un effet intéressant.

J'apprécie considérablement de sa part le fait de ne pas se figer sur une inteprétation acquise, mais d'y réfléchir encore. Carrément la classe ! Chapeau Madame.

[La Vioque]

Là, la performance de l'interprète est encore plus intelligente et réfléchie, mûrie que celle de Salzbourg !

Et j'ai oublié les subtilités vocales nouvelles pour elle par rapport à cette Traviata Salzbourgeoise du genre juste avant la reprise de sempre libera : le premier "gioir" piano, puis le second forte !!! Qui provoquent vraiment un effet intéressant.

J'apprécie considérablement de sa part le fait de ne pas se figer sur une inteprétation acquise, mais d'y réfléchir encore. Carrément la classe ! Chapeau Madame.

Pourqoui je ne l'ai pas vue comme cela ?

[Mrs Dalloway]

Bravissimo Violetta et merci !!!

+ 1

[Invité]

Merci Violetta pour toute cette littérature.

[Violetta]

Merci Violetta pour toute cette littérature.

Décèlerais-je une pointe d'ironie ?
Non, hein ??? C'est ma paranoïa qui me joue des tours !

[Invité]

Merci Violetta pour toute cette littérature.

Décèlerais-je une pointe d'ironie ?
Non, hein ??? C'est ma paranoïa qui me joue des tours !

Non pas du tout. Je ne m'attendais pas à lire autant c'est tout.

[Violetta]

Je te plains. Ce n'est pas le meilleur style qui soit en plus. J'aurais dû me relire...

[Invité]

Je te plains. Ce n'est pas le meilleur style qui soit en plus. J'aurais dû me relire...

Mais non c'est très bien.
Et puis si ce qu'on écrit tous sur ce forum était destiné à la Pléiade, ça se saurait !

[Mrs Dalloway]

Et puis si ce qu'on écrit tous sur ce forum était destiné à la Pléiade, ça se saurait !

Ah bon ? Et moi qui rêvais de voir les poèmes du fil "OTAN suspends ton vol" édités !!!

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