Notes festivalières
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Notes festivalières
Voilà, je reviens de trois jours/spectacles à Aix, faut qu'je vous raconte. Mais alors pas trois CR de malade (j'aurai qu'un point et non trois, je sais) parce que j'ai pas le temps, on va faire du trois-en-un nouvelle formule (le secret de ma blondeur platine).
Donc, prenons dans l'ordre, d'abord un Idoménée magnifique le 10 juillet dans la cour du palais de l'archevêché. Je ne sais pas ce qu'on aura pu voir à la télé mais la mise en scène de Py, dont je craignais le pire après Tristan, est absolument somptueuse. Tôle ondulée grise, néons blancs, grands praticables métalliques manoeuvrés à vue, on retrouve Py dans ce qu'il a toujours fait mais ici cela fonctionne à merveille, les images créées sont très fortes, pleine de sens ou porteuses d'émotion tels, à la fin du deuxième acte, les quadriges de Neptune montés chacun par un danseur brandissant chacun un symbole du dieu (quand une heure plus tard on comprends enfin ce que viennent faire les chevaux sur la scène, on trouve l'idée merveilleuse), tel encore ce ballet final, moment de jouissance musicale pure et résumé de l'action en un quart d'heure d'une danse virtuose (mention spéciale au danseur qui interprète Electre, grande tignasse blonde sur corps fin et élastique). Si l'on excepte les troyens devenus sans papiers en boubou (LE BOUBOU !!!), qui disparaissent très vite et n'apportent pas grand' chose (je ne pensais pas Py capable d'une naïveté si bienpensante...), Olivier Py n'en fait pas du trop avec sa mise en scène d'Idoménée, mais c'est déjà beaucoup vivsiblement pour un public qui l'a violemment conspué aux saluts. De rage j'ai hurlé des bravo à m'en péter les cordes vocales... L'autre dieu sur scène, c'est Richard Croft, transformé depuis sa prestation à Pleyel : suavité du timbre, bonhommie de l'acteur, aisance stupéfiante dans les vocalises exécutées ici avec une sorte de jubilation de tout le corps assez incroyable... Delusnch est une bête de scène, on le sait. Elle a une petite voix, on le sait aussi et on pardonne même si sa furie aurait pu être bien plus furieuse... Kartauser déception car toute petite voix, tendue, sans projection, sans couleur, sans émotion. Bof. Beuron très bien malgré des pianissimi qui en plein air tombent à côté de la plaque et font vraiment "trafiqué". Minko parfait. C'est la première fois que je ne trouve pas cet opéra ch*** à mourir !
Lendemain soir, changement de registre avec Orphée aux enfers et deux découvertes. 1 : Le cancan, c'est là d'dans !!! 2 : Alain Altinoglou, jeune chef plein de fougue et d'humour au plaisir évident et communicatif, pour une direction d'une légèreté folle. Légèreté que ne possède pas la mise en scène d'Yves Beaunesne, assemblage de gags vus et revus et de dialogues réécrits façon mauvais boulevard (ie : vulgaire et beauf) et débités par les chanteurs avec des accents de poissonnières (je n'ai rein contre les poissonnières, au demeurant), comme du... mauvais boulevard, donc, vous savez, les trucs qui passent l'été sur la 3 en pleine nuit, avec Georges Belair ou Michel Leeb... A suivre au sein d'une distribution de jeunes chanteurs, Pauline Carton qui fait merveille en Eurydice, beau timbre profond et chaud, sens de la mélodie, grâce naturelle, aigus un peu âpres tout de même.
Apothéose hier soir avec Le crépuscule des dieux, véritable objet en fait de mon déplacement. Mise en scène minimaliste qui sied à Wagner, belle scénographie dépouillée et discrètement éclairée. Pas de quoi fouetter un chat mais pas de quoi se scandaliser. Braunschweig s'est quand même fait discrètement chahuter. Dalayman n'a pas la présence -ni le velours- de la grande Waltraud mais ça passe, elle balance pas mal, quand-même ! Même si le finale du coup tombe un peu à plat dans sa bouche, dommage. Epner se retient deux actes durant avant d'exploser littéralement dans le troisième acte, forçant l'admiration d'une Rafaella qui commence à frissonner. Son Siegfried est un petit garçon un peu benêt, trop tendre et candide pour comprendre la ruse d'un malin qui n'en apparaît que plus noir. Excellent malin, d'ailleurs, Petrenko que j'aimais déjà confirme, Groshovski (ça s'écrit comment ce nom à la con ?) que j'avais vu en Kurwenal à la Scala monte dans mon estime. Gutrune décevante, pas de voix, pas de jeu, bien gourdasse comme il faut (3 heures plus tard : "Ah ça y est, j'ai compris, l'épouse de S., c'est B. !"). Von Otter très bien, quelle belle voix grave elle a, je ne l'avais jamais entendue, et on ne peut pas lui reprocher d'avoir été bouffée par l'orchestre à un moment car il l'ont tous été... [transition bien ménagée] Il faut dire, quel orchestre ! Il m'a fallu un bon moment pour redescendre sur terre, l'expression qui me vient est celle d' "orgie sonore", ce en quoi la partition assez tonitruante (l'acte 2, faut quand-même être en forme !) aide pas mal il est vrai. Direction parfaite dans un crescendo permanent durant tout l'acte 3 (ouh la petite Rafaella qui tremblait comme une feuille après l'immolation de Brunnhilde, dans ces quelques minutes conclusives), couleurs des cordes, couleurs des cuivres, couleurs des vents, mélange extraordinaire de velouté, de chaleur, et en même temps impression de masse de puissance, de majesté, sans jamais virer dans le grandiloquent, tout est magnifique et admirable, Roseline Bachelot en rose fuschia et la salle entière (à l'exception de Christine Lagarde qui se casse direct au buffet) réservent une standing ovation au Berliner et à son chef...
Donc, prenons dans l'ordre, d'abord un Idoménée magnifique le 10 juillet dans la cour du palais de l'archevêché. Je ne sais pas ce qu'on aura pu voir à la télé mais la mise en scène de Py, dont je craignais le pire après Tristan, est absolument somptueuse. Tôle ondulée grise, néons blancs, grands praticables métalliques manoeuvrés à vue, on retrouve Py dans ce qu'il a toujours fait mais ici cela fonctionne à merveille, les images créées sont très fortes, pleine de sens ou porteuses d'émotion tels, à la fin du deuxième acte, les quadriges de Neptune montés chacun par un danseur brandissant chacun un symbole du dieu (quand une heure plus tard on comprends enfin ce que viennent faire les chevaux sur la scène, on trouve l'idée merveilleuse), tel encore ce ballet final, moment de jouissance musicale pure et résumé de l'action en un quart d'heure d'une danse virtuose (mention spéciale au danseur qui interprète Electre, grande tignasse blonde sur corps fin et élastique). Si l'on excepte les troyens devenus sans papiers en boubou (LE BOUBOU !!!), qui disparaissent très vite et n'apportent pas grand' chose (je ne pensais pas Py capable d'une naïveté si bienpensante...), Olivier Py n'en fait pas du trop avec sa mise en scène d'Idoménée, mais c'est déjà beaucoup vivsiblement pour un public qui l'a violemment conspué aux saluts. De rage j'ai hurlé des bravo à m'en péter les cordes vocales... L'autre dieu sur scène, c'est Richard Croft, transformé depuis sa prestation à Pleyel : suavité du timbre, bonhommie de l'acteur, aisance stupéfiante dans les vocalises exécutées ici avec une sorte de jubilation de tout le corps assez incroyable... Delusnch est une bête de scène, on le sait. Elle a une petite voix, on le sait aussi et on pardonne même si sa furie aurait pu être bien plus furieuse... Kartauser déception car toute petite voix, tendue, sans projection, sans couleur, sans émotion. Bof. Beuron très bien malgré des pianissimi qui en plein air tombent à côté de la plaque et font vraiment "trafiqué". Minko parfait. C'est la première fois que je ne trouve pas cet opéra ch*** à mourir !
Lendemain soir, changement de registre avec Orphée aux enfers et deux découvertes. 1 : Le cancan, c'est là d'dans !!! 2 : Alain Altinoglou, jeune chef plein de fougue et d'humour au plaisir évident et communicatif, pour une direction d'une légèreté folle. Légèreté que ne possède pas la mise en scène d'Yves Beaunesne, assemblage de gags vus et revus et de dialogues réécrits façon mauvais boulevard (ie : vulgaire et beauf) et débités par les chanteurs avec des accents de poissonnières (je n'ai rein contre les poissonnières, au demeurant), comme du... mauvais boulevard, donc, vous savez, les trucs qui passent l'été sur la 3 en pleine nuit, avec Georges Belair ou Michel Leeb... A suivre au sein d'une distribution de jeunes chanteurs, Pauline Carton qui fait merveille en Eurydice, beau timbre profond et chaud, sens de la mélodie, grâce naturelle, aigus un peu âpres tout de même.
Apothéose hier soir avec Le crépuscule des dieux, véritable objet en fait de mon déplacement. Mise en scène minimaliste qui sied à Wagner, belle scénographie dépouillée et discrètement éclairée. Pas de quoi fouetter un chat mais pas de quoi se scandaliser. Braunschweig s'est quand même fait discrètement chahuter. Dalayman n'a pas la présence -ni le velours- de la grande Waltraud mais ça passe, elle balance pas mal, quand-même ! Même si le finale du coup tombe un peu à plat dans sa bouche, dommage. Epner se retient deux actes durant avant d'exploser littéralement dans le troisième acte, forçant l'admiration d'une Rafaella qui commence à frissonner. Son Siegfried est un petit garçon un peu benêt, trop tendre et candide pour comprendre la ruse d'un malin qui n'en apparaît que plus noir. Excellent malin, d'ailleurs, Petrenko que j'aimais déjà confirme, Groshovski (ça s'écrit comment ce nom à la con ?) que j'avais vu en Kurwenal à la Scala monte dans mon estime. Gutrune décevante, pas de voix, pas de jeu, bien gourdasse comme il faut (3 heures plus tard : "Ah ça y est, j'ai compris, l'épouse de S., c'est B. !"). Von Otter très bien, quelle belle voix grave elle a, je ne l'avais jamais entendue, et on ne peut pas lui reprocher d'avoir été bouffée par l'orchestre à un moment car il l'ont tous été... [transition bien ménagée] Il faut dire, quel orchestre ! Il m'a fallu un bon moment pour redescendre sur terre, l'expression qui me vient est celle d' "orgie sonore", ce en quoi la partition assez tonitruante (l'acte 2, faut quand-même être en forme !) aide pas mal il est vrai. Direction parfaite dans un crescendo permanent durant tout l'acte 3 (ouh la petite Rafaella qui tremblait comme une feuille après l'immolation de Brunnhilde, dans ces quelques minutes conclusives), couleurs des cordes, couleurs des cuivres, couleurs des vents, mélange extraordinaire de velouté, de chaleur, et en même temps impression de masse de puissance, de majesté, sans jamais virer dans le grandiloquent, tout est magnifique et admirable, Roseline Bachelot en rose fuschia et la salle entière (à l'exception de Christine Lagarde qui se casse direct au buffet) réservent une standing ovation au Berliner et à son chef...
Rafaella- Messages : 1775
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Date d'inscription : 06/04/2009
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Re: Notes festivalières
Rafaella a écrit:
Lendemain soir, changement de registre avec Orphée aux enfers et deux découvertes. 1 : Le cancan, c'est là d'dans !!! 2 : Alain Altinoglou, jeune chef plein de fougue et d'humour au plaisir évident et communicatif, pour une direction d'une légèreté folle. Légèreté que ne possède pas la mise en scène d'Yves Beaunesne, assemblage de gags vus et revus et de dialogues réécrits façon mauvais boulevard (ie : vulgaire et beauf) et débités par les chanteurs avec des accents de poissonnières (je n'ai rein contre les poissonnières, au demeurant), comme du... mauvais boulevard, donc, vous savez, les trucs qui passent l'été sur la 3 en pleine nuit, avec Georges Belair ou Michel Leeb... A suivre au sein d'une distribution de jeunes chanteurs, Pauline Carton qui fait merveille en Eurydice, beau timbre profond et chaud, sens de la mélodie, grâce naturelle, aigus un peu âpres tout de même.
Il ne s'agit bien sûr pas de Pauline Carton mais de Pauline Courtin. Pauline Carton, c'est elle :
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Notes festivalières
PTDR !!!!!!!!
Merci mille fois pour ces CR !
Veinarde !
Merci mille fois pour ces CR !
Veinarde !
Violetta- Messages : 2375
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Re: Notes festivalières
[quote="Rafaella"]couleurs des cordes, couleurs des cuivres, couleurs des vents, mélange extraordinaire de velouté, de chaleur, et en même temps impression de masse de puissance, de majesté, sans jamais virer dans le grandiloquent, tout est magnifique et admirable, Roseline Bachelot en rose fuschia quote]
J'aime bien ta définition de Roseline ...
OK , je
Plaisanterie mise à part bravo pour ton CR , tu mérites ton +1 !
J'aime bien ta définition de Roseline ...
OK , je
Plaisanterie mise à part bravo pour ton CR , tu mérites ton +1 !
Zac- Administrateur
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Re: Notes festivalières
Merci pour cette belle chronique! Tu vas les avoir tes "three points"!
J'étais morte de rire en découvrant "Pauline Carton "( avant ton rajout) car j'imaginais la chanteuse avec la tête de la regrettée Carton qui a notamment beaucoup joué les rôles de bonne ( avec Guitry par exemple)!
J'étais morte de rire en découvrant "Pauline Carton "( avant ton rajout) car j'imaginais la chanteuse avec la tête de la regrettée Carton qui a notamment beaucoup joué les rôles de bonne ( avec Guitry par exemple)!
Clara- Messages : 1070
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Re: Notes festivalières
Merci pour ce CR complet.+1
La Vioque- Messages : 1313
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Re: Notes festivalières
Clara a écrit:Merci pour cette belle chronique! Tu vas les avoir tes "three points"!
J'étais morte de rire en découvrant "Pauline Carton "( avant ton rajout) car j'imaginais la chanteuse avec la tête de la regrettée Carton qui a notamment beaucoup joué les rôles de bonne ( avec Guitry par exemple)!
Sous les palétuviers a été repris par Bourvil et Marie Laforêt dans un duo plein d'entrain, mais je n'ai pas trouvé de vidéo...
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Notes festivalières
Rafaella a écrit:Clara a écrit:Merci pour cette belle chronique! Tu vas les avoir tes "three points"!
J'étais morte de rire en découvrant "Pauline Carton "( avant ton rajout) car j'imaginais la chanteuse avec la tête de la regrettée Carton qui a notamment beaucoup joué les rôles de bonne ( avec Guitry par exemple)!
Sous les palétuviers a été repris par Bourvil et Marie Laforêt dans un duo plein d'entrain, mais je n'ai pas trouvé de vidéo...
Je ne connaissais guère Pauline Carton chanteuse. C'est drôle et charmant cette voix aigrelette !
Clara- Messages : 1070
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