Notes festivalières, suite et fin
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Violetta
Rafaella
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Notes festivalières, suite et fin
Voilà, je suis rentrée de vacances, laissant derrière moi un Silvio au bord de la dépression, seul dans sa villa de Sardaigne à échafauder des plans et projets de loi pour échapper à la justice temporelle et à l'inquisition spirituelle... Avant cela je suis repassée par Aix et m'en vais vous raconter ce que j'y ai vu...
La flûte enchantée présentée cette année fait figure de production sacrifiée de l'édition 2009 : un spectacle monté il y a trois ans déjà à Bruxelles, puis à Naples, des représentations expédiées en une semaine en fin de festival, longtemps après les très attendus Mozart et Wagner, une distribution de petites voix anonymes en alternance, aucun écho dans la presse, spécialisée comme généraliste... Et pourtant, avec une vraie distribution (non pas que celle que j'ai vue fût indigne, loin de là, mais enfin...), ce spectacle aurait été parfait, car à la baguette il y avait René Jacobs, qui me scie décidément chaque fois que je le vois diriger, même si apparaît ici une "recette Jacobs" : tempi rapides et nerveux sans rien sacrifier à la finesse, à l'ornement, au raffiné, récitatifs accompagnés par un piano idoine et des bruitages aussi ingénieux et inventifs que forts réalistes (frémissants coups de tonnerre !). Une recette pareille, j'en redemande, d'autant que la mise en scène de William Kentridge rencontre la même inventivité, la même fraîcheur et la même cocasserie. Les personnages évoluent sur des praticables et dans des décors de toiles peintes et eprspective en trompe l'oeil, issus du théâtre d'antan, dans un univers de jungle coloniale évoquant très discrètement l'Afrique du Sud natale du metteur en scène. Les projections d'animations au fusain, toujours signifiantes et belles, apportent encore de la fraîcheur et de la bonne humeur à un spectacle que l'on situerait au croisement de la Flûte de Bergman (ma préférée à ce jour, je l'avoue) et des trucages de Méliès : l'enfance de l'art en quelque sorte, un théâtre à l'ancienne, ingénu et plein de charme. Pourquoi alors cette faible distribution d'où ne se dégagent qu'un Papageno plein de gouaille et dont je n'ai pas le nom en tête, et la Papagena de Sunhae Im, habituée des enregistrement de Jacobs et qui au regard des autres est ici complètement sous-employée...
L'écart est d'autant plus grand avec la reine du lendemain, Madame Joyce di Donato, dont je n'avais pu voir le récital Furore à Pleyel et qui d'après ouï-dire le présente ici avec plus de maîtrise encore qu'en décembre dernier. Et il faut bien le dire : QUELLE SOIREE !!! Assise et la jambe dans le plâtre, je n'ose imaginer ce qu'elle aurait donné debout, je ne sais pas, se serait-elle envolée ? Serait elle descendue dans la salle ? Aurait-elle fait s'écrouler le pseudo lustre minable du grand théâtre de Provence ? Standing ovation avant les rappels pour une immense dame qui laisse sans voix (la sienne suffit bien, vous me direz !) et dont le talent, le professionnalisme, la générosité, la sympathie et l'humour ne sont plus à démontrer... "je suizzzzz a-mou-reuuuuseu", comme chante Carlita, et d'ailleurs je lui ai dit à la séance de dédicaces qui a suivi. Et comme je n'ai honte de rien je vous transcrits le dialogue :
"Bonsoiwe !
-Good evening, and thank you very much, for what you do... and who you are and... I LOVE YOU... [Rafaella pique un fard]
-Oh really !!!??? Oh !!! That's sooooo niiiiiiiice !!! [She's SO American...].
-Yes, and I came especially for you tonight.
-Oh Thaaaaank you !!! Where are you from ?! [She's SO American...]
-Lyon, it's two hours by train, so it's all rignt !
-Oh, thank you, B'bye."
Et comme Christophe Rousset dirige quand-même ses musiciens comme une porcasse (plus sec tu meurs) je l'ai un peu snobé malgré tout, ce qui ne l'a pas empêché de me reconnaître le lendemain sur le quai de la gare et de me faire un grand sourire...
La flûte enchantée présentée cette année fait figure de production sacrifiée de l'édition 2009 : un spectacle monté il y a trois ans déjà à Bruxelles, puis à Naples, des représentations expédiées en une semaine en fin de festival, longtemps après les très attendus Mozart et Wagner, une distribution de petites voix anonymes en alternance, aucun écho dans la presse, spécialisée comme généraliste... Et pourtant, avec une vraie distribution (non pas que celle que j'ai vue fût indigne, loin de là, mais enfin...), ce spectacle aurait été parfait, car à la baguette il y avait René Jacobs, qui me scie décidément chaque fois que je le vois diriger, même si apparaît ici une "recette Jacobs" : tempi rapides et nerveux sans rien sacrifier à la finesse, à l'ornement, au raffiné, récitatifs accompagnés par un piano idoine et des bruitages aussi ingénieux et inventifs que forts réalistes (frémissants coups de tonnerre !). Une recette pareille, j'en redemande, d'autant que la mise en scène de William Kentridge rencontre la même inventivité, la même fraîcheur et la même cocasserie. Les personnages évoluent sur des praticables et dans des décors de toiles peintes et eprspective en trompe l'oeil, issus du théâtre d'antan, dans un univers de jungle coloniale évoquant très discrètement l'Afrique du Sud natale du metteur en scène. Les projections d'animations au fusain, toujours signifiantes et belles, apportent encore de la fraîcheur et de la bonne humeur à un spectacle que l'on situerait au croisement de la Flûte de Bergman (ma préférée à ce jour, je l'avoue) et des trucages de Méliès : l'enfance de l'art en quelque sorte, un théâtre à l'ancienne, ingénu et plein de charme. Pourquoi alors cette faible distribution d'où ne se dégagent qu'un Papageno plein de gouaille et dont je n'ai pas le nom en tête, et la Papagena de Sunhae Im, habituée des enregistrement de Jacobs et qui au regard des autres est ici complètement sous-employée...
L'écart est d'autant plus grand avec la reine du lendemain, Madame Joyce di Donato, dont je n'avais pu voir le récital Furore à Pleyel et qui d'après ouï-dire le présente ici avec plus de maîtrise encore qu'en décembre dernier. Et il faut bien le dire : QUELLE SOIREE !!! Assise et la jambe dans le plâtre, je n'ose imaginer ce qu'elle aurait donné debout, je ne sais pas, se serait-elle envolée ? Serait elle descendue dans la salle ? Aurait-elle fait s'écrouler le pseudo lustre minable du grand théâtre de Provence ? Standing ovation avant les rappels pour une immense dame qui laisse sans voix (la sienne suffit bien, vous me direz !) et dont le talent, le professionnalisme, la générosité, la sympathie et l'humour ne sont plus à démontrer... "je suizzzzz a-mou-reuuuuseu", comme chante Carlita, et d'ailleurs je lui ai dit à la séance de dédicaces qui a suivi. Et comme je n'ai honte de rien je vous transcrits le dialogue :
"Bonsoiwe !
-Good evening, and thank you very much, for what you do... and who you are and... I LOVE YOU... [Rafaella pique un fard]
-Oh really !!!??? Oh !!! That's sooooo niiiiiiiice !!! [She's SO American...].
-Yes, and I came especially for you tonight.
-Oh Thaaaaank you !!! Where are you from ?! [She's SO American...]
-Lyon, it's two hours by train, so it's all rignt !
-Oh, thank you, B'bye."
Et comme Christophe Rousset dirige quand-même ses musiciens comme une porcasse (plus sec tu meurs) je l'ai un peu snobé malgré tout, ce qui ne l'a pas empêché de me reconnaître le lendemain sur le quai de la gare et de me faire un grand sourire...
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Notes festivalières, suite et fin
Merci pour ce CR ! On a l'impression d'y être !
Violetta- Messages : 2375
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Re: Notes festivalières, suite et fin
Rafaella a écrit:Voilà, je suis rentrée de vacances, laissant derrière moi un Silvio au bord de la dépression, seul dans sa villa de Sardaigne à échafauder des plans et projets de loi pour échapper à la justice temporelle et à l'inquisition spirituelle... Avant cela je suis repassée par Aix et m'en vais vous raconter ce que j'y ai vu...
La flûte enchantée présentée cette année fait figure de production sacrifiée de l'édition 2009 : un spectacle monté il y a trois ans déjà à Bruxelles, puis à Naples, des représentations expédiées en une semaine en fin de festival, longtemps après les très attendus Mozart et Wagner, une distribution de petites voix anonymes en alternance, aucun écho dans la presse, spécialisée comme généraliste... Et pourtant, avec une vraie distribution (non pas que celle que j'ai vue fût indigne, loin de là, mais enfin...), ce spectacle aurait été parfait, car à la baguette il y avait René Jacobs, qui me scie décidément chaque fois que je le vois diriger, même si apparaît ici une "recette Jacobs" : tempi rapides et nerveux sans rien sacrifier à la finesse, à l'ornement, au raffiné, récitatifs accompagnés par un piano idoine et des bruitages aussi ingénieux et inventifs que forts réalistes (frémissants coups de tonnerre !). Une recette pareille, j'en redemande, d'autant que la mise en scène de William Kentridge rencontre la même inventivité, la même fraîcheur et la même cocasserie. Les personnages évoluent sur des praticables et dans des décors de toiles peintes et eprspective en trompe l'oeil, issus du théâtre d'antan, dans un univers de jungle coloniale évoquant très discrètement l'Afrique du Sud natale du metteur en scène. Les projections d'animations au fusain, toujours signifiantes et belles, apportent encore de la fraîcheur et de la bonne humeur à un spectacle que l'on situerait au croisement de la Flûte de Bergman (ma préférée à ce jour, je l'avoue) et des trucages de Méliès : l'enfance de l'art en quelque sorte, un théâtre à l'ancienne, ingénu et plein de charme. Pourquoi alors cette faible distribution d'où ne se dégagent qu'un Papageno plein de gouaille et dont je n'ai pas le nom en tête, et la Papagena de Sunhae Im, habituée des enregistrement de Jacobs et qui au regard des autres est ici complètement sous-employée...
L'écart est d'autant plus grand avec la reine du lendemain, Madame Joyce di Donato, dont je n'avais pu voir le récital Furore à Pleyel et qui d'après ouï-dire le présente ici avec plus de maîtrise encore qu'en décembre dernier. Et il faut bien le dire : QUELLE SOIREE !!! Assise et la jambe dans le plâtre, je n'ose imaginer ce qu'elle aurait donné debout, je ne sais pas, se serait-elle envolée ? Serait elle descendue dans la salle ? Aurait-elle fait s'écrouler le pseudo lustre minable du grand théâtre de Provence ? Standing ovation avant les rappels pour une immense dame qui laisse sans voix (la sienne suffit bien, vous me direz !) et dont le talent, le professionnalisme, la générosité, la sympathie et l'humour ne sont plus à démontrer... "je suizzzzz a-mou-reuuuuseu", comme chante Carlita, et d'ailleurs je lui ai dit à la séance de dédicaces qui a suivi. Et comme je n'ai honte de rien je vous transcrits le dialogue :
"Bonsoiwe !
-Good evening, and thank you very much, for what you do... and who you are and... I LOVE YOU... [Rafaella pique un fard]
-Oh really !!!??? Oh !!! That's sooooo niiiiiiiice !!! [She's SO American...].
-Yes, and I came especially for you tonight.
-Oh Thaaaaank you !!! Where are you from ?! [She's SO American...]
-Lyon, it's two hours by train, so it's all rignt !
-Oh, thank you, B'bye."
Et comme Christophe Rousset dirige quand-même ses musiciens comme une porcasse (plus sec tu meurs) je l'ai un peu snobé malgré tout, ce qui ne l'a pas empêché de me reconnaître le lendemain sur le quai de la gare et de me faire un grand sourire...
Bravo pour ce beau compte-rendu!
Ci-contre un petit article concernant la mise en scène de William Kentridge qui permet peut-être de compléter ce que tu décris de façon très poétique! Ce devait être assez extraordinaire!
En ce qui concerne Joyce, tous ceux qui ont la chance de l'approcher tombent sous le charme! Je l'avais entendue dans la retransmission en direct de Pleyel sur Radio Classique et c'était époustouflant ! C'est quelqu'un qui fait preuve d'une grande générosité sur scène ! Et tu dis que ce "Furore" est encore meilleur !!!
Son univers... un jeu d'ombres et de lumière, mêlé a des films d'animation dessinés à la main. Kentridge conçoit la scène comme une sorte de chambre noire. Le processus photographique se fait la métaphore des différents thèmes de la "Flûte enchantée", entre foi dans le progrès et obscurantisme. Des dessins au fusain, des pastels, gommés, redessinés et filmés. Des films grâce auxquels il s'est fait connaître, en dénonçant la politique d'apartheid en Afrique du Sud. Sa "Flûte enchantée" fait d'ailleurs allusion au colonialisme et au racisme. Avec ses images, Kentridge crée ici un univers intemporel, qui appelle à la réflexion sur le conflit qui est le nôtre - entre croyance et savoir. (arte.tv)
Clara- Messages : 1070
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Age : 63
Re: Notes festivalières, suite et fin
Merci ! C'est vrai que ce n'est pas très facile à décrire, alors j'ai préféré laisser parler le ressenti. Quant à Joyce, plus je la vois, plus je l'aime, en récital, en Chérubin, en Idamante, et surtout en Roméo... Une petite video pourrie de la flûte de Kentridge, ultra cheap et avec une Reine de la Nuit ignoble (à Aix au moins elle chantait juste et propre, à défaut de puissant!).
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Notes festivalières, suite et fin
Merci pour ce CR Rafaella , tu mérites un plussain .
Par contre , en tant que "so american" , elle aurait du ajouter : "oh my goooooooooooooooooooooooood !"
Par contre , en tant que "so american" , elle aurait du ajouter : "oh my goooooooooooooooooooooooood !"
Zac- Administrateur
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Re: Notes festivalières, suite et fin
Whaou, magnifique compte rendu !!! Thank you very much !!
Et je confirme que Joyce est adorable !!! Et aussi qu'il est difficile de la remercier parce qu'elle veut toujours le faire !
Et je confirme que Joyce est adorable !!! Et aussi qu'il est difficile de la remercier parce qu'elle veut toujours le faire !
Re: Notes festivalières, suite et fin
Elle est encore dans le plâtre, Joyce ? Ca fait déjà un bout de temps !
La Vioque- Messages : 1313
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Re: Notes festivalières, suite et fin
La Vioque a écrit:Elle est encore dans le plâtre, Joyce ? Ca fait déjà un bout de temps !
Eh oui... Ce qui nous a valu, avant les rappels, un "je vous remercie de votre patience", en montrant ses béquilles. Il est vrai qu'il en fallait, du temps, à chaque allée et venue ! Et Rousset qui suivait gentiment, c'était tout mimi !
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Notes festivalières, suite et fin
Mrs Dalloway a écrit:Quelques extraits sur youtube, Joyce absolument flamboyante !
Pire que ça !!!
Rafaella- Messages : 1775
Points : 2140
Réputation : 174
Date d'inscription : 06/04/2009
Age : 81
Localisation : Raiuno, Canalsat, Mediaset
Re: Notes festivalières, suite et fin
Et merci pour l'info Mrs D. !!! Seulement voilà, je vais y passer 2h, à tout réécouter en me souvenant, la larme à l'oeil, et c'est mon mascara qui va encore prendre cher...
Rafaella- Messages : 1775
Points : 2140
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Date d'inscription : 06/04/2009
Age : 81
Localisation : Raiuno, Canalsat, Mediaset
Re: Notes festivalières, suite et fin
Tâche d'y repenser avec le sourire, le mélange Haendel / Joyce, c'est détonnant et ça met de bonne humeur ! Sinon, ce n'est pas grave pour le mascara; puisqu'il me semble que tu as largué Silvio, personne ne te verra dans cet état !
Re: Notes festivalières, suite et fin
Mrs Dalloway a écrit:Quelques extraits sur youtube, Joyce absolument flamboyante !
C'est vrai qu'elle rayonne.
La Vioque- Messages : 1313
Points : 1533
Réputation : 142
Date d'inscription : 06/04/2009
Age : 71
Localisation : Région parisienne
Re: Notes festivalières, suite et fin
Oui , c'est vraiment magnifique ...
Zac- Administrateur
- Messages : 2999
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Date d'inscription : 06/04/2009
Age : 56
Localisation : in the middle of the night
Re: Notes festivalières, suite et fin
Joyce encore, petit clin d'oeil à Apoline par la même occasion !
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