A lire : Le Temps où nous chantions - Richard Powers
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A lire : Le Temps où nous chantions - Richard Powers
Un petit mot sur ce roman lu cet été, qui peut ravir les mélomanes que vous êtes…
Ce roman américain paru en 2003 est une saga romanesque assez classique et une analyse historique et politique comme on n’en trouve plus guère en France ( à part peut-être chez le J-P Dubois d‘Une Vie française). C’est l’histoire particulière d’une famille de musiciens métis comme reflet de l’Histoire des Etats-Unis des 70 dernières années et réciproquement.
Au début, et à la lecture d’un résumé : une chanteuse noire et un physicien juif allemand fuyant le nazisme ont trois enfants métis, un chanteur extraordinaire, un pianiste effacé, le narrateur, et une jeune fille qui rejette en bloc l’héritage de la musique occidentale et revendique son africanité, on se dit que ça va être un roman complaisant et mièvre. Le début fait craindre cela d’ailleurs, car passé le récit bien senti du premier concert des frères, on se dit que cette utopie musicale qu’essaie de construire cette famille est un truc romanesque gnangnan, et bonjour les clichés, etc. Je me suis dit au début, bon, il exagère, et ce n‘est pas très innovant. Et puis, le roman avance, et recule d’ailleurs (admirablement construit, il revient au fur et à mesure sur l’histoire des parents, mais cela fait écho à l‘autre mouvement narratif, bref, on se rend compte que c‘est quand même bien foutu cette histoire) , et il se complexifie, et cette utopie du début trouve sa justification dans l‘ensemble de l‘oeuvre, et d’ailleurs on en montre l’échec, en même temps que l‘échec de valeurs politiques qui ont porté l‘histoire américaine… En dépit de ses défauts (mais sur un millier de pages, comment être tout le temps au sommet…), j’ai été emportée assez rapidement dans ce flot romanesque et musical, et je me suis dit en l’achevant que j’avais compris quelque chose à l’Amérique et son fonctionnement communautaire, que je n’avais jamais réellement saisi dans aucun écrit historique ou journalistique ; j’ai mieux compris aussi l’histoire politique récente.
En plus, il y a évidemment de nombreuses pages sur la musique, on entend des airs connus ou moins connus tout au long de l’œuvre, on assiste au fameux concert de Marian Anderson devant le Lincoln mémorial, par exemple.
J‘ai découvert A child of our Time de Tippett grâce à ce roman, notamment. (il y a une petite erreur d’ailleurs, parce que dans le roman, le premier rôle est créé par le « ténor » Simon Estes, qui est ténor comme moi je suis contralto). Je me demande si le personnage de Jonah à la voix d’or a été inspiré par un vrai chanteur…
Et avec le personnage du père physicien, une dimension supplémentaire est abordée, les bouleversements disons, intellectuels, l’évolution du rapport au monde déterminé par les évolutions scientifiques, la physique quantique, etc. il y a une liaison intéressante dans la réflexion sur le rapport au temps et la musique, et en plus cela a une importance décisive dans la construction du dénouement. Il y a une cohérence qui s’établit au fur et à mesure entre tous les éléments, mais elle se construit progressivement
Bref, à lire !
Ce roman américain paru en 2003 est une saga romanesque assez classique et une analyse historique et politique comme on n’en trouve plus guère en France ( à part peut-être chez le J-P Dubois d‘Une Vie française). C’est l’histoire particulière d’une famille de musiciens métis comme reflet de l’Histoire des Etats-Unis des 70 dernières années et réciproquement.
Au début, et à la lecture d’un résumé : une chanteuse noire et un physicien juif allemand fuyant le nazisme ont trois enfants métis, un chanteur extraordinaire, un pianiste effacé, le narrateur, et une jeune fille qui rejette en bloc l’héritage de la musique occidentale et revendique son africanité, on se dit que ça va être un roman complaisant et mièvre. Le début fait craindre cela d’ailleurs, car passé le récit bien senti du premier concert des frères, on se dit que cette utopie musicale qu’essaie de construire cette famille est un truc romanesque gnangnan, et bonjour les clichés, etc. Je me suis dit au début, bon, il exagère, et ce n‘est pas très innovant. Et puis, le roman avance, et recule d’ailleurs (admirablement construit, il revient au fur et à mesure sur l’histoire des parents, mais cela fait écho à l‘autre mouvement narratif, bref, on se rend compte que c‘est quand même bien foutu cette histoire) , et il se complexifie, et cette utopie du début trouve sa justification dans l‘ensemble de l‘oeuvre, et d’ailleurs on en montre l’échec, en même temps que l‘échec de valeurs politiques qui ont porté l‘histoire américaine… En dépit de ses défauts (mais sur un millier de pages, comment être tout le temps au sommet…), j’ai été emportée assez rapidement dans ce flot romanesque et musical, et je me suis dit en l’achevant que j’avais compris quelque chose à l’Amérique et son fonctionnement communautaire, que je n’avais jamais réellement saisi dans aucun écrit historique ou journalistique ; j’ai mieux compris aussi l’histoire politique récente.
En plus, il y a évidemment de nombreuses pages sur la musique, on entend des airs connus ou moins connus tout au long de l’œuvre, on assiste au fameux concert de Marian Anderson devant le Lincoln mémorial, par exemple.
J‘ai découvert A child of our Time de Tippett grâce à ce roman, notamment. (il y a une petite erreur d’ailleurs, parce que dans le roman, le premier rôle est créé par le « ténor » Simon Estes, qui est ténor comme moi je suis contralto). Je me demande si le personnage de Jonah à la voix d’or a été inspiré par un vrai chanteur…
Et avec le personnage du père physicien, une dimension supplémentaire est abordée, les bouleversements disons, intellectuels, l’évolution du rapport au monde déterminé par les évolutions scientifiques, la physique quantique, etc. il y a une liaison intéressante dans la réflexion sur le rapport au temps et la musique, et en plus cela a une importance décisive dans la construction du dénouement. Il y a une cohérence qui s’établit au fur et à mesure entre tous les éléments, mais elle se construit progressivement
Bref, à lire !
Alcina- Messages : 1206
Points : 1464
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Date d'inscription : 06/04/2009
Age : 41
Localisation : The land where corals lie
Re: A lire : Le Temps où nous chantions - Richard Powers
Merci !
Plussoane ! (j'ai mis en anglais , puisuqe c'est un roman américain ! )
Plussoane ! (j'ai mis en anglais , puisuqe c'est un roman américain ! )
Zac- Administrateur
- Messages : 2999
Points : 3521
Réputation : 232
Date d'inscription : 06/04/2009
Age : 56
Localisation : in the middle of the night
Re: A lire : Le Temps où nous chantions - Richard Powers
Merci beaucoup pour cette recommandation littéraire !
Re: A lire : Le Temps où nous chantions - Richard Powers
Merci pour ce CR...tu l'as bien défendu, cet ouvrage, il va bientôt être sur ma table de nuit....
La Vioque- Messages : 1313
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Date d'inscription : 06/04/2009
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