Werther par Rolando Villazon à Lyon...
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Rafaella
Dominique
apoline
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Werther par Rolando Villazon à Lyon...
Quelqu'un ira-t-il voir cette production qui affiche complet depuis un bon moment?
Pourra-t-il nous gratifier d'un compte-rendu?
peut-être pas aussi extraordinairement long que celui que j'ai lu sur le concert de Cécilia ( quel CV quand même! ) mais quelque peu détaillé parce que ce que j'ai lu ici et là sur cette production me laisse pensive.
Merci
Pourra-t-il nous gratifier d'un compte-rendu?
peut-être pas aussi extraordinairement long que celui que j'ai lu sur le concert de Cécilia ( quel CV quand même! ) mais quelque peu détaillé parce que ce que j'ai lu ici et là sur cette production me laisse pensive.
Merci
apoline- Messages : 160
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
Je vous fais ça dimanche soir !!!
Paraît qu'il y aura des clowns et que Roberto va nous montrer comment Werther est un opéra de l'enfermement dans sa classe sociale. Parce que c'est vraiment spécifique à Werther, hein, le seul cas dans l'art lyrique mondial, La Traviata, c'est juste une histoire d'amour trop triste... J'ai très peur, en fait !!!
Paraît qu'il y aura des clowns et que Roberto va nous montrer comment Werther est un opéra de l'enfermement dans sa classe sociale. Parce que c'est vraiment spécifique à Werther, hein, le seul cas dans l'art lyrique mondial, La Traviata, c'est juste une histoire d'amour trop triste... J'ai très peur, en fait !!!
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
http://www.opera-lyon.com/spectacles/opera/fiche-opera/fichespectacle/werther/
J'ai hâte de voir ton commentaire, ça a l'air très "coloré"...j'espère que l'émotion sera au rendez-vous, a priori, c'est surtout son absence qui me ferait peur...je te souhaite une excellente soirée...
J'ai hâte de voir ton commentaire, ça a l'air très "coloré"...j'espère que l'émotion sera au rendez-vous, a priori, c'est surtout son absence qui me ferait peur...je te souhaite une excellente soirée...
La Vioque- Messages : 1313
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
Rafaella a écrit:Je vous fais ça dimanche soir !!!
Paraît qu'il y aura des clowns et que Roberto va nous montrer comment Werther est un opéra de l'enfermement dans sa classe sociale. Parce que c'est vraiment spécifique à Werther, hein, le seul cas dans l'art lyrique mondial, La Traviata, c'est juste une histoire d'amour trop triste... J'ai très peur, en fait !!!
Le lapsus !!!
Violetta- Messages : 2375
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
J'étais à la première lundi. Il y a eu l'émission en direct du "Magazine" (France Mus Lionel Esparza) de l'amphi de l'opéra comme savoureuse mise en bouche, où j'ai eu le plaisir de voir cette équipe radio que j'écoute depuis des années (Si loin Si proche et avant cela, je trouve plus...)ainsi que toute la distribution, sauf les deux 'vedettes' Charlotte- Karine Deshayes et Werther- Arturo Chacon Cruz, on peut comprendre leur absence à moins de deux heures d'un tel enjeu. Les autres sont venus avec générosité et bonne humeur pour parler de leur rôle. D'Alain Vernhes, Bailli depuis .... (et quel baryton!) à la délicieuse Anne Catherine Gillet, benjamine du groupe, mais déjà Sophie dans 5 productions de Werther, ils ont été unanimes pour dire que ce qu'ils venaient de faire et allaient nous dévoiler les avaient enthousiasmés , car le metteur en scène était différent et très attentif à chacun. Bon, quand Rolando V est arrivé il a animé comme d'hab et ce fut un moment sympa qu'on peut ré-écouter ici http://sites.radiofrance.fr/francemusique/em/magazine/emission.php?e_id=65000065&d_id=420002058&arch=1 très jolies photos aussi.
La mise en scène: avec des plus et des moins! la surprise d'un décor allégé! couleurs, stylisation des lignes (l'arbre) matériaux contemporains utilisés( plastic pour les feuilles, acier pour les branches), rare mobilier blanc, piano à queue côté cour, la fameuse grande cage à oiseaux côté jardin, au centre petite table de jardin ainsi qu'un tas noir, un vêtement à terre... une pendule stylisée premier plan extrême côté cour... Décor IKEA ou presque!!! tout cela comme dans un conte dessiné. Les personnages n'ont pas de costumes datés, comme s'ils étaient sortis d'un rêve ; Sophie et sa soeur ont des tuniques blanches courtes de ballerines, elles font très jeunes et enjouées, le bailli est 'classique' Werther est en chemisier et pantalon noirs . Cela se complique avec les grandes tuniques que les trois personnages principaux liés par les sentiments, endossent sur la tenue blanche puis noire quand tout s'assombrit. Le jaune d'or (je ne l'ai pas vu 'canari'), le rouge sang, le noir, et la tenue harlequin (pour Charlotte) sont ces compléments aux déroulement des passions. Je n'entre pas plus avant dans tout cela, ça se comprend vite quand on le voit... Le premier acte fonctionne très bien dans ce cadre car il y a une dynamique avec les enfants ( remarquables acteurs) et une poésie délicieuse qui accompagne l 'apparition des fleurs, Werther, là, a belle allure !
Les clowns Schmidt et Johann font une paire bizarre au début mais comme ils chantent super bien tous deux (JP Fouchécourt est habitué au comique chanté il est fort bon, même excellent ici) on finit par accepter cette outrance, critique 'sociale' oui ! voulue (le coup de la pipe et de la fumée, bon c'est sûr ça ne passerait pas chez Jacquot.. pas vraiment la même ambiance) mais quelque part la musique de Massenet expose ces anti-climax, fête forraine puis déferlement de désespérance. Il y a l'incompréhensible couple de mimes, très stylés, aussi, que j'ai abandonné car cela faisait trop et je me suis dit" tu les observeras de près au prochain coup.".. enfin, le double 'enfant' de Werther. Etait-ce bien nécessaire? Quand il décide d'en finir au II il l'étrangle (je n'ai pas aimé et je me demande ce que ce mignon petit garçon ressent chaque soir...).
Les trouvailles: c'est qu'Albert est plus jovial et moins autoritaire, quand il revient après l'effondrement de la cage sur le petit werther, il dit une fois 'Charlotte' avec appréhension, et c'est lui qui va donner les pistolets à Schmidt. La plus grande 'trouvaille', c'est que l'acte IV suit plus les Lettres de Goethe, Werther et Charlotte seront séparés jusqu'au bout et pas effondrés l'un sur l'autre pendant ... une trop longue agonie. A mimer, c'est là que j'aurais utilisé les signes, la musique se suffit à elle -même. Le 'oublions tout' à l'unisson, là, avec leur gestuelle j'ai adoré... Bon le grand, grand, plus pour la fin: les voix et finalement l'orchestre qui n'a pas délayé la douleur et dont les cordes ont bien souligné ces mélodies qui font vite pleurer...Massenet a l'art !
Pour moi c'est Karine Deshayes qui a fait vivre une Charlotte nouvelle, loin de ce personnage écrasé par le devoir domestique, mais qui l'assume avec bonheur (la musique en contient là aussi )pas dutout popote, sa silhouette est flattée par cette tenue de ballerine, soit blanche soit noire, et elle montre agilité vocale, musicalité, réserves émotionnelles garanties dans ce riche médium et ses beaux aigus. Vraiment un bonheur! Werther n'est pas aussi impeccable, son Fançais l'est, il n'a pas le souffle de Rolando mais un beau timbre solaire aussi. Il campe un Werther élégant et attendrissant, un peu 'perdu'.comme il se doit. Sa mort ne m'a pas tiré de larmes cependant. Un plus pour les éclairages. Sophie -Gillet est superbe, un beau couple de soeur avec la voix de Karine, cela touche là la corde sensible.. Lhote et Vernhes illustrent avec bonheur le chant 'Français', et c'est rarissime que Schmidt et Johann soient si bons,( Nabil Suliman est Johann) Je vais retourner pour mieux tout 'voir' et entendre! Un beau plateau vocal, et une musique qui suit (un petit excès des cuivres parfois) et à noter que tout se passe au devant de la scène, un plus pour les chanteurs( ce qu'a fait remarquer A-C Gillet à l'entretien). J'accepte de penser qu'il y a trop 'à voir' dans cette première mise en scène mais il s'en dégage comme un renouveau, Charlotte seule face à ses tourments et remords avec ces accents d'une voix de violoncelle et le jeu de karine Deshayes c'est à revoir! ( mille excuses pour la longueur de mes impressions...)
La mise en scène: avec des plus et des moins! la surprise d'un décor allégé! couleurs, stylisation des lignes (l'arbre) matériaux contemporains utilisés( plastic pour les feuilles, acier pour les branches), rare mobilier blanc, piano à queue côté cour, la fameuse grande cage à oiseaux côté jardin, au centre petite table de jardin ainsi qu'un tas noir, un vêtement à terre... une pendule stylisée premier plan extrême côté cour... Décor IKEA ou presque!!! tout cela comme dans un conte dessiné. Les personnages n'ont pas de costumes datés, comme s'ils étaient sortis d'un rêve ; Sophie et sa soeur ont des tuniques blanches courtes de ballerines, elles font très jeunes et enjouées, le bailli est 'classique' Werther est en chemisier et pantalon noirs . Cela se complique avec les grandes tuniques que les trois personnages principaux liés par les sentiments, endossent sur la tenue blanche puis noire quand tout s'assombrit. Le jaune d'or (je ne l'ai pas vu 'canari'), le rouge sang, le noir, et la tenue harlequin (pour Charlotte) sont ces compléments aux déroulement des passions. Je n'entre pas plus avant dans tout cela, ça se comprend vite quand on le voit... Le premier acte fonctionne très bien dans ce cadre car il y a une dynamique avec les enfants ( remarquables acteurs) et une poésie délicieuse qui accompagne l 'apparition des fleurs, Werther, là, a belle allure !
Les clowns Schmidt et Johann font une paire bizarre au début mais comme ils chantent super bien tous deux (JP Fouchécourt est habitué au comique chanté il est fort bon, même excellent ici) on finit par accepter cette outrance, critique 'sociale' oui ! voulue (le coup de la pipe et de la fumée, bon c'est sûr ça ne passerait pas chez Jacquot.. pas vraiment la même ambiance) mais quelque part la musique de Massenet expose ces anti-climax, fête forraine puis déferlement de désespérance. Il y a l'incompréhensible couple de mimes, très stylés, aussi, que j'ai abandonné car cela faisait trop et je me suis dit" tu les observeras de près au prochain coup.".. enfin, le double 'enfant' de Werther. Etait-ce bien nécessaire? Quand il décide d'en finir au II il l'étrangle (je n'ai pas aimé et je me demande ce que ce mignon petit garçon ressent chaque soir...).
Les trouvailles: c'est qu'Albert est plus jovial et moins autoritaire, quand il revient après l'effondrement de la cage sur le petit werther, il dit une fois 'Charlotte' avec appréhension, et c'est lui qui va donner les pistolets à Schmidt. La plus grande 'trouvaille', c'est que l'acte IV suit plus les Lettres de Goethe, Werther et Charlotte seront séparés jusqu'au bout et pas effondrés l'un sur l'autre pendant ... une trop longue agonie. A mimer, c'est là que j'aurais utilisé les signes, la musique se suffit à elle -même. Le 'oublions tout' à l'unisson, là, avec leur gestuelle j'ai adoré... Bon le grand, grand, plus pour la fin: les voix et finalement l'orchestre qui n'a pas délayé la douleur et dont les cordes ont bien souligné ces mélodies qui font vite pleurer...Massenet a l'art !
Pour moi c'est Karine Deshayes qui a fait vivre une Charlotte nouvelle, loin de ce personnage écrasé par le devoir domestique, mais qui l'assume avec bonheur (la musique en contient là aussi )pas dutout popote, sa silhouette est flattée par cette tenue de ballerine, soit blanche soit noire, et elle montre agilité vocale, musicalité, réserves émotionnelles garanties dans ce riche médium et ses beaux aigus. Vraiment un bonheur! Werther n'est pas aussi impeccable, son Fançais l'est, il n'a pas le souffle de Rolando mais un beau timbre solaire aussi. Il campe un Werther élégant et attendrissant, un peu 'perdu'.comme il se doit. Sa mort ne m'a pas tiré de larmes cependant. Un plus pour les éclairages. Sophie -Gillet est superbe, un beau couple de soeur avec la voix de Karine, cela touche là la corde sensible.. Lhote et Vernhes illustrent avec bonheur le chant 'Français', et c'est rarissime que Schmidt et Johann soient si bons,( Nabil Suliman est Johann) Je vais retourner pour mieux tout 'voir' et entendre! Un beau plateau vocal, et une musique qui suit (un petit excès des cuivres parfois) et à noter que tout se passe au devant de la scène, un plus pour les chanteurs( ce qu'a fait remarquer A-C Gillet à l'entretien). J'accepte de penser qu'il y a trop 'à voir' dans cette première mise en scène mais il s'en dégage comme un renouveau, Charlotte seule face à ses tourments et remords avec ces accents d'une voix de violoncelle et le jeu de karine Deshayes c'est à revoir! ( mille excuses pour la longueur de mes impressions...)
Dernière édition par interval le Sam 19 Fév - 3:58, édité 2 fois
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
Merci, superbe compte-rendu.
On imagine aisément un spectacle très différent de ce qui se fait habituellement pour cette oeuvre.
Y a-t-il eu une captation télé ou y en aura-t-il une?
On imagine aisément un spectacle très différent de ce qui se fait habituellement pour cette oeuvre.
Y a-t-il eu une captation télé ou y en aura-t-il une?
apoline- Messages : 160
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
Merci pour ce compte rendu, il ne faut surtout pas t'excuser pour la longueur de tes impressions, c'est ce qui fait tout de plaisir de la lecture...personnellement, ça me fait très plaisir de savoir que le rendu est agréable, parce que les extraits que j'avais vus ne me disaient pas grand chose de bien et ne me donnaient pas du tout envie d'en savoir plus, avec ton commentaire au contraire, je me dis que s'il y avait une version dvd ou tv, je me précipiterais dessus... Un grand merci, donc !
La Vioque- Messages : 1313
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
Oui oui j'ai vu ça après coup... J'y étais aujourd'hui mais je vais d'abord lire les impressions d'Interval avant de vous donner les miennes, très mitigées...Violetta a écrit:Rafaella a écrit:Je vous fais ça dimanche soir !!!
Paraît qu'il y aura des clowns et que Roberto va nous montrer comment Werther est un opéra de l'enfermement dans sa classe sociale. Parce que c'est vraiment spécifique à Werther, hein, le seul cas dans l'art lyrique mondial, La Traviata, c'est juste une histoire d'amour trop triste... J'ai très peur, en fait !!!
Le lapsus !!!
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
J'étais donc à la dernière ( 7 -II - Lyon) de cette production atypique de Werther, non pas par amour immodéré de notre cher Rolando mais plutôt pour revoir cette Charlotte qui depuis a été récompensée "Artiste lyrique de l'année" aux récentes Victoires de la Musique Classique.
C'est bien mérité: cette mezzo, Karine Deshayes, a, pour moi, fait vivre un vrai personnage féminin, non pas une héroïne romantique souvent très éplorée, ( cela nous le savons dès les premières mesures, nous baignons dans le 'romantisme' ), mais une très jeune fille rieuse, alerte, qui va faire croire à ce coup de foudre et cet abandon d'un instant ( le bonheur sur les balançoires, trouvaille s'il en est!) plus que d'autres Charlottes plus prises dans un décor d'époque et des costumes alourdissants! La qualité de sa voix aussi tire ce rôle vers le bonheur au premier acte: c'est un mezzo léger, clair, et flexible dans l'aigu, avec un médium riche, intense, elle n'appuie pas ses graves (qu'elle a! l'air des lettres fut à couper le souffle ce dernier soir, et son 'tu frémiras 'témoigne bien des graves de sa voix, sans poitriner). La richesse de cette voix permet l'évolution d'autant plus dramatique du personnage comme il se doit. On y croit parce que le jeu de Karine n'a rien de figé. Enfin, le fait qu'elle s'oppose aussi à l'ordre d'Albert de donner les pistolets (elle détourne son visage avec des yeux d'horreur, comme au muet), en fait une nouvelle Charlotte! Il faut une artiste, qui dans un regard et une phrase musicale fait passer tant d'émotion, (on sait nous aussi ce qu'est la symbolique de ses pistolets). Donc, j'ai apprécié énormément cette Charlotte non sans remarquer le bel équilibre vocal avec Arturo Chacon- Cruz. Werther a brillé dans ses grands airs, il a des aigus faciles qui rayonnent, moins sérrés cette fois, sans doute moins de trac qu'à la première aussi. Vocalement, le point plus faible fut Lionel Lhôte (à mes oreilles certes!).
Je devais éclaircir ma compréhension (si possible) du couple de mimes: deux véritables artistes mimes, Marie-Laure Cloarec, magnifiquement grimée et costumée, et son pendant masculin, Grégory Esculin. Avec attention cette fois j'ai bien vu qu'ils ont été le couple Katchen et Bruhlmann, amoureux transis qui n'ont pas grande importance dans l'opéra et qui ici dans cette mise en scène sont comme le reflet du couple malheureux en bonheurs, Werther-Charlotte. Il y a des moments 'clefs' où ce pauvre Bruhlman se fait enfermer dans la cage par le Bailli, où Katchen mime le désepoir, mais je dois encore avouer que tout cela ne me semble pas très clair, très esthétique certes, mais je manque d'introspection pour sonder les abysses de cette symbolique mimée. Car il y a aussi les doubles enfants de notre couple. Et cela aussi complique! J'ai bien remarqué que tout cela disparaît au cours du 3è et 4 ème acte. Là on est au coeur du drame : le jeu dramatique de Karine Deshayes a été remarquable. Werther assis au pied de cette pendule qui tourne vers sa fin, écrit à Charlotte (ils occupent deux plans du devant de scène tout en étant séparés, ce qui produit un effet dramatique certain) elle, accourant, s' accusant :
'Quand le sang qui s'échappe de ta blessure ...c'est moi qui l'ai versé'
Tout à coup on les retrouve debout face à face pour cette phrase à l'unisson' Tout oublions tout' ( si je devais garder qu'un motif de tout cet opéra je ne garderais que celui-là) avec des gestes comme sortis de l'enfance (ou bien je rêve!!!).Mais ils ne se toucheront pas . Ce qui pour moi est remarquable. Le drame est depuis le début vu comme un flash back. Pendant l'ouverture seule Charlotte hante la scène, elle vient caresser le vêtement noir, symbole maternel, puis prend le grand manteau jaune d'or, qui est accroché à la pendule (abysse psycho: temps du drame, dépouille mortelle, vision d'un amour impossible habit de Wether jusqu'à l'acte 2) et y plongera son visage. La fin reprend cet isolement psychologique, la cage est effondrée, le plateau est dépouillé, un écran en a raccourci la profondeur et lorsque retentissent les voix joyeuses des enfants 'Noël! Noël' un petit pan s'entrouvre comme une porte où Anne Catherine Gillet apparaît sur la balançoire (excellente Sophie!), elle aussi partage innocence et bonheur dans ce petit carré entr'ouvert, alors qu'à l'avant de la scène rôde la mort. C'est fort ! j'avoue! je m'étais jurée de ne plus m'attendrir mais ce fut plus fort que mes résolutions. Vous dire que l'orchestre et le chef ont fait corps avec cette mise en scène est un point superflu: sans ce chef, je crois que les artistes n'auraient pas pu donner un tel impact dramatique! Les enfants, il faut aussi le dire ont été le moteur du bonheur du premier acte et ce n'est pas rien!
Très beau Werther, avec des visions poétiques qui ne cessent de hanter l'imaginaire: un objet d'art doit-il être complètement transparent? C'est une question à laquelle je n'ai pas de réponse! Je n'ai pas fait le compte de mes Werther depuis que je vais à l'opéra, mais celui là est comme un 'intrus" magique dans la liste! Une Charlotte pour le XXIè siècle dans une esthétique visuelle magique, voilà ma conclusion! (Massenet, qui aimait la gent féminine, serait heureux de revoir l'opéra rebaptisé au féminin!).
C'est bien mérité: cette mezzo, Karine Deshayes, a, pour moi, fait vivre un vrai personnage féminin, non pas une héroïne romantique souvent très éplorée, ( cela nous le savons dès les premières mesures, nous baignons dans le 'romantisme' ), mais une très jeune fille rieuse, alerte, qui va faire croire à ce coup de foudre et cet abandon d'un instant ( le bonheur sur les balançoires, trouvaille s'il en est!) plus que d'autres Charlottes plus prises dans un décor d'époque et des costumes alourdissants! La qualité de sa voix aussi tire ce rôle vers le bonheur au premier acte: c'est un mezzo léger, clair, et flexible dans l'aigu, avec un médium riche, intense, elle n'appuie pas ses graves (qu'elle a! l'air des lettres fut à couper le souffle ce dernier soir, et son 'tu frémiras 'témoigne bien des graves de sa voix, sans poitriner). La richesse de cette voix permet l'évolution d'autant plus dramatique du personnage comme il se doit. On y croit parce que le jeu de Karine n'a rien de figé. Enfin, le fait qu'elle s'oppose aussi à l'ordre d'Albert de donner les pistolets (elle détourne son visage avec des yeux d'horreur, comme au muet), en fait une nouvelle Charlotte! Il faut une artiste, qui dans un regard et une phrase musicale fait passer tant d'émotion, (on sait nous aussi ce qu'est la symbolique de ses pistolets). Donc, j'ai apprécié énormément cette Charlotte non sans remarquer le bel équilibre vocal avec Arturo Chacon- Cruz. Werther a brillé dans ses grands airs, il a des aigus faciles qui rayonnent, moins sérrés cette fois, sans doute moins de trac qu'à la première aussi. Vocalement, le point plus faible fut Lionel Lhôte (à mes oreilles certes!).
Je devais éclaircir ma compréhension (si possible) du couple de mimes: deux véritables artistes mimes, Marie-Laure Cloarec, magnifiquement grimée et costumée, et son pendant masculin, Grégory Esculin. Avec attention cette fois j'ai bien vu qu'ils ont été le couple Katchen et Bruhlmann, amoureux transis qui n'ont pas grande importance dans l'opéra et qui ici dans cette mise en scène sont comme le reflet du couple malheureux en bonheurs, Werther-Charlotte. Il y a des moments 'clefs' où ce pauvre Bruhlman se fait enfermer dans la cage par le Bailli, où Katchen mime le désepoir, mais je dois encore avouer que tout cela ne me semble pas très clair, très esthétique certes, mais je manque d'introspection pour sonder les abysses de cette symbolique mimée. Car il y a aussi les doubles enfants de notre couple. Et cela aussi complique! J'ai bien remarqué que tout cela disparaît au cours du 3è et 4 ème acte. Là on est au coeur du drame : le jeu dramatique de Karine Deshayes a été remarquable. Werther assis au pied de cette pendule qui tourne vers sa fin, écrit à Charlotte (ils occupent deux plans du devant de scène tout en étant séparés, ce qui produit un effet dramatique certain) elle, accourant, s' accusant :
'Quand le sang qui s'échappe de ta blessure ...c'est moi qui l'ai versé'
Tout à coup on les retrouve debout face à face pour cette phrase à l'unisson' Tout oublions tout' ( si je devais garder qu'un motif de tout cet opéra je ne garderais que celui-là) avec des gestes comme sortis de l'enfance (ou bien je rêve!!!).Mais ils ne se toucheront pas . Ce qui pour moi est remarquable. Le drame est depuis le début vu comme un flash back. Pendant l'ouverture seule Charlotte hante la scène, elle vient caresser le vêtement noir, symbole maternel, puis prend le grand manteau jaune d'or, qui est accroché à la pendule (abysse psycho: temps du drame, dépouille mortelle, vision d'un amour impossible habit de Wether jusqu'à l'acte 2) et y plongera son visage. La fin reprend cet isolement psychologique, la cage est effondrée, le plateau est dépouillé, un écran en a raccourci la profondeur et lorsque retentissent les voix joyeuses des enfants 'Noël! Noël' un petit pan s'entrouvre comme une porte où Anne Catherine Gillet apparaît sur la balançoire (excellente Sophie!), elle aussi partage innocence et bonheur dans ce petit carré entr'ouvert, alors qu'à l'avant de la scène rôde la mort. C'est fort ! j'avoue! je m'étais jurée de ne plus m'attendrir mais ce fut plus fort que mes résolutions. Vous dire que l'orchestre et le chef ont fait corps avec cette mise en scène est un point superflu: sans ce chef, je crois que les artistes n'auraient pas pu donner un tel impact dramatique! Les enfants, il faut aussi le dire ont été le moteur du bonheur du premier acte et ce n'est pas rien!
Très beau Werther, avec des visions poétiques qui ne cessent de hanter l'imaginaire: un objet d'art doit-il être complètement transparent? C'est une question à laquelle je n'ai pas de réponse! Je n'ai pas fait le compte de mes Werther depuis que je vais à l'opéra, mais celui là est comme un 'intrus" magique dans la liste! Une Charlotte pour le XXIè siècle dans une esthétique visuelle magique, voilà ma conclusion! (Massenet, qui aimait la gent féminine, serait heureux de revoir l'opéra rebaptisé au féminin!).
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
Merci pour ce CR. Ca vaut bien un plussain....
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
Merci pour le CR, tu donnes vraiment envie de voir ce spectacle, ils devraient t'embaucher pour en faire la promo....
La Vioque- Messages : 1313
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
Merci ! Tu vas déchanter quand tu liras la controverse et c'est bien d'ailleurs!La Vioque a écrit:Merci pour le CR, tu donnes vraiment envie de voir ce spectacle, ils devraient t'embaucher pour en faire la promo....
C'est trop tard pour l'embauche! et certainement ma vision est peu orthodoxe. Il y a ces commentaires avisés nettement négatifs à commencer par le critique anglais Rupert Christiansen qui n'a pas digéré RV à la télé dans cette émission grand public pour amener des chanteurs de variété à chanter l'opéra! RV lui ayant répondu (il n'aurait jamais dû je crois) sur son journal, celui-ci a bondi à Lyon et sa critique est tombée avant la France. Après M-Aude Roux du Monde y est allée de son couplet, trouvant même que cette Charlotte était'popote' (que dire alors de Susan Graham dans l'avant dernier Werther Bastille?), FO idem, mais compliments pour les chanteurs (ce que je pense profondément et mieux que de récents Werther) donc voilà, France musique mitigé, il n'y a qu'Anaclase qui partage ma vision positive et novatrice de ce Werther.
Fils:
http://www.forumopera.com/index.php?mact=News,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=2319&cntnt01detailtemplate=gabarit_detail_breves&cntnt01dateformat=%25d-%25m-%25Y&cntnt01lang=fr_FR&cntnt01returnid=54
http://www.lemonde.fr/culture/article/2011/01/27/rolando-villazon-malmene-werther_1471391_3246.html
http://www.anaclase.com/chroniques/werther-3
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
Tu sais ce qu'on dit : Tous les goûts sont dans la nature....
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
La Vioque a écrit:Tu sais ce qu'on dit : Tous les goûts sont dans la nature....
Tous les goûts sont dans la nature et ce Werther ne fut guère à mon goût...La Vioque a écrit:Tu sais ce qu'on dit : Tous les goûts sont dans la nature....
"C'est la faute à Werther"... Oui, car je n'ai pas du tout aimé Arturo Chacon Cruz, mais alors pas du tout du tout du tout : voix chaude et puissante, certes, diction du français parfaite certes, mais alors, que tout est monochrome, toujours en puissance, sans aucune nuance, sans aucune émotion, j'avais l'impression qu'il chantait Werther comme il aurait chanté la recette du cake d'amour : je n'y ai pas cru une seconde. Bref, pour les passages les plus poignants, je repasserai, il ne m'a pas fait passer l'ombre d'un frisson. Une affaire de goût peut-être, mais tout de même, je n'ai pas vu le personnage, je n'ai pas senti le drame intérieur.
C'est aussi la faute à Rolando : des clowns et des doubles des personnages mimés par des enfants, je suis désolée, mais on pourrait faire ça dans n'importe quel oeuvre de la même manière, ce n'est pas de mettre des clowns qui montre une lecture ou une autre de l'oeuvre, c'est d'animer les personnages et là, le bât blesse et tout le monde peine à exister. Je ne sais quoi retenir de la Charlotte de Karine Deshayes, chanteuse que j'aime beaucoup par ailleurs, engoncée qu'elle est dans ses robes chatoyantes et forcée de prendre les pauses convenues qu'on lui a demandé de prendre. Lionel Lhote est inexistant en Albert (je dois être honnête et préciser que je l'ai vu plusieurs fois sur la scène de Lyon et qu'il n'y était pas plus existant, en Germon par exemple...) : peu de voix, peu de caractère, la transparence. Anne-Catherine Gillet et Alain Vernes toujours aussi parfait qu'à Bastille l'an passé, de même que les enfants, même s'il y en a... beaucoup (elle a eu beaucoup de jumeaux, la maman de Charlotte, tout de même).
Bon, je dis tout ça, mais je n'ai pas non plus passé une horrible matinée !!!
Parce qu'à part le Werther et Albert (ce qui fait déjà beaucoup je vous l'accorde), les autres sont bien, voire très bien, je l'ai déjà dit. Ensuite parce que l'orchestre de l'Opéra de Lyon est toujours aussi bon, dirigé de manière dramatique, voire très dramatique par Leopold Hager, à l'opposé de ce que faisait Plasson l'an passé. Je préfère Plasson pour son hédonisme et sa polyphonie, cette vague wagnérienne qui m'a fait chavirer l'an passé, mais tout de même ça se tenait vachement bien, direction très cohérente, et des cordes d'une sensualité... C'était rondement mené.
Et enfin parce que, malgré tous les défauts que je trouve à la mise en scène de Rolando, je reconnais que c'est fluide et qu'il y a toujours quelque chose à regarder, à comprendre, à mettre en perspective. C'est encombré et volontiers naïf (ah, la cage...), mais c'est aussi tellement improbable qu'on se creuse un peu les méninges et que ça fait du bien. Et en plus il conclut par une superbe idée pour l'acte 4. Après que Charlotte a refusé de donner les pistolets (première idée), la scène s'assombrit et des "hommes noirs" font du coffret à pistolets le cercueil de Werther, qu'ils emmènent au loin en une marche funèbre. Werther est donc mort d'une simple élipse narrative et le dernier acte devient un flash back où Werther et Charlotte continuent leur correspondance. Chacun est ainsi dans son carré de lumière, lisant ou écrivant, sans se regarder, sans se toucher, chacun répond à l'autre, plume en main. Tout cela fonctionne très bien et ce n'est qu'à l'ultime moment que Werther appuie sur la gachette. Alors seulement Charlotte entre en trombe, trop tard. J'ai trouvé cela très bien vu, assez émouvant (Deshayes révèle alors vraiment ses qualités, et Chacon Cruz masque enfin un peu ses défauts pour un "oublions tout" à l'unisson.
Enfin du beau et de l'émotion dans ce spectacle intéressant parce que complètement à rebours à la fois d'une certaine tradition (Jacquot) et d'une modernité à tout prix, mais trop naïf, trop touffu, où le détail visuel maladroit l'emporte trop sur un vrai souci de mise en scène c'est-à-dire, avant toute chose à mon sens, de direction d'acteur, de caractérisation des personnages, d'incarnation du drame.
Rafaella- Messages : 1775
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Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
Merci pour ton CR, Raf, c'est un peu ce que je craignais (cf mon post du mois de janvier), mais Interval est tellement enthousiaste que c'est communicatif ! C'est très agréable d'avoir 2 avis différents, merci à vous 2 de nous avoir fait partager vos impressions.
La Vioque- Messages : 1313
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Localisation : Région parisienne
Re: Werther par Rolando Villazon à Lyon...
Merci pour ce CR très intéressant qui montre combien ce Werther peut susciter de réactions très opposées. Mais tout ce que tu dis n'est pas négatif. A vous lire, toi et d'autres, il me semble qu'il fallait entrer dans le monde du conte, du rêve pour apprécier la mes de Rolando. C'est un parti-pris qui en vaut d'autres... J'aimerais vraiment qu'il y ait eu une captation! attendons!
apoline- Messages : 160
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Date d'inscription : 06/04/2009
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